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Schéma de l'épigenèse* monothéiste.

L'épigenèse monothéiste

Notice explicative

2024-04-11

• La dimension organique
« Si vous considérez votre main, ou n’importe quel objet organique, en termes des relations plutôt que des choses qui la composent, vous découvrirez subitement que cet objet est au moins quatre fois plus beau que vous le pensiez. » (Gregory Bateson).
Ce schéma est une représentation visuelle des grandes structures de l’aire culturelle monothéiste, non pas comme une juxtaposition de choses (ou de « cultures » autonomes) mais comme un tissu de relations, se perpétuant à chaque stade de son développement (voir définition de l’épigenèse*).

• Contexte et métacontexte
Le schéma se structure autour de deux faits historiques et anthropologiques majeurs :
- la querelle judéo-chrétienne est un contexte de l’apparition de l’islam.
La révélation coranique se pense explicitement comme une réponse au mystère qui entoure la disparition de Jésus (Coran 4:157).
- l’Islam* est un métacontexte* de l’histoire européenne.
La réhabilitation théologique d’Aristote dans la chrétienté latine (Thomas d’Aquin) est fondatrice de la rationalité* européenne (voir glossaire), qui qui tourne le dos subjectivement au monde médiéval tout en continuant d’y être pris (d’où aussi son rapport à la nature). En découle la longue guerre civile européenne dont émerge la modernité* occidentale.

• Les deux Socials
Le Social de Durkheim n’est pas le Social d’Ibn Khaldoun. La « contrainte extérieure »* tirée de la révélation coranique (islam) n’est pas la « contrainte extérieure » du positionnement conscient dans la modernité (Islam*). Or une caractéristique des réformismes musulmans aux XIXe et XXe siècles, en contexte d’affirmation nationale, est d’avoir tenté de les identifier : d’avoir noué un pacte avec le Social en pensant nouer un pacte avec Dieu. Il en découle une relation fausse à l’institution sociologique* : une relation instrumentale, qui préfère la maintenir dans ses angles-morts (« anthropologie de l’islam »*), et entraver ses efforts intellectuels d’Unification.

• L’islam comme lieu épistémique*
Dans ce schéma, l’islam n’est pas une sphère (entité culturelle autonome) mais une « bouée », évidée en son centre. C’est en ce sens que l’Islam est « communauté médiane » (Coran 2:143) : pas dans le sens où les musulmans détiendraient seuls l’intuition du juste milieu (« L'islam est la solution… ») ; l’Islam est « communauté médiane » plutôt par le changement de qibla (Coran 2:142) : par le caractère fondamentalement inachevé de la transition monothéïste, qui l’oblige à se positionner toujours en relation dialectique.

• Échapper au dualisme
Le mot « islam » ne figure pas sur le schéma, car cette situation n’est pas propre aux musulmans. Chaque tradition dispose de ressources propres pour échapper au dualisme*, pour naviguer entre adhésion à l’institution et obéissance à la loi religieuse. C’est pourquoi mon code couleur n'associe pas le vert à l'islam de manière définitive. Tout croyant doit se situer entre islam et Islam, entre christianisme et Chrétienté, etc. : entre cette parole qui m’ouvre au monde quand je la reçois comme croyant, et la présence antérieure de celle-ci dans le monde, qui me renferme dans mes certitudes comme un algorithme. À cette exigence, les musulmans ne doivent pas se soustraire au prétexte de la situation minoritaire, oubliant que la présence de l’Islam en Europe est métacontextuelle : les musulmans témoignent par eux-mêmes de la « structure qui relie »GB5, qu’ils le veuillent ou non. Que ce témoignage soit perçu comme rassurant ou comme une menace, relève aussi de leur responsabilité.

Applications (en bref)
Ce schéma apporte un certain nombre d’éclairages sur la situation géopolitique actuelle, caractérisée par un redimensionnement de la puissance américaine :

  • Les Printemps Arabes* en ont été un signe avant-coureur, brusque remise en cause de régimes modernistes alignés sur les sciences sociales occidentalo-centrées.
  • Basculement particulièrement déstabilisant pour l’Europe catholique, dont le rapport avec l’islam passe justement par ces institutions centralisées (héritage de l’Église).
  • Le rapport du protestantisme à l’islam est plus pragmatique (héritage d’une sympathie de principe dans l’opposition au Pape) mais c’est aussi un rapport plus ténu (pas d’interface commun), si bien que les États-Unis ne peuvent se maintenir indéfiniment au centre du jeu.
  • Cette situation permet à la Russie de sécuriser ses intérêts au Moyen-Orient, par un soutien assumé au régime confessionnel et minoritaire de Bachar al-Asad, avant de défier l’OTAN dans la guerre d’Ukraine.
  • Dans ce contexte, Israël aborde l’avenir en confiance, étant à la fois l’allié privilégié des Etats-Unis (dont il est la fenêtre sur le monde) et disposant des ressources culturelles pour traiter avec la Russie (immigration juive issue de l’ancienne sphère soviétique).

Mais dans la tragédie de Gaza, Israël se retrouve avec un chèque en blanc que Netanyahou n’aurait pu s’octroyer lui-même : il l’a reçu de la crise des sphères publiques européennes, qui ont renoncé à toute neutralité diplomatique pour des raisons de politique intérieure. À travers le « droit d’Israël à se défendre », les élites politiques occidentales protègent leur propre déresponsabilisation, adossée à la démission intellectuelle des musulmans. Aucun « soutien aux Palestiniens » ne sera efficace dans le cadre d’un pacte avec les sciences sociales désormais obsolète, qui est une forme de sionisme* à part entière (voir glossaire), et dont le maintien est à l’origine de cette situation.

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fr/modele/matrice/notice.txt · Dernière modification : 2024/04/18 11:51 de mansour

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