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Schéma de l'épigenèse* monothéiste.

L'épigenèse monothéiste

2024-04-08
(en cours d'écriture)

Mode d'emploi

À première vue

Un arbre de parenté ?
Le schéma de gauche ressemble à première vue à un arbre de parenté entre des doctrines religieuses et philosophiques. On se situerait alors dans l’histoire des idées - mais une histoire très lacunaire, bien trop schématique. En réalité il n'y a pas ici d'« auteurs », et ce schéma ne représente pas des filiations intellectuelles. Jésus, Mohammed, Thomas d’Aquin et Luther, sont plutôt des « étiquettes » posées sur des évènements schismogénétiques* plus larges (conformément à ce que voient en eux les traditions religieuses).

Une carte du monde ?
Le schéma de droite ressemble à première vue à une carte du monde, indiquant des aires culturelles ou des zones d’influence géopolitiques. Mais selon quels critères ? On y voit un Occident rapetissé, enserré dans l’islam comme un joyau dans une couronne, et une Russie orthodoxe à part, avec un judaïsme situé à deux endroits différents, très au centre et très en périphérie. La carte est peut-être pertinente, mais là encore, on voit mal comment on l’a obtenu : par quelle projection ? Dans quel espace se situe-t-on au juste ?

Une sorte de fleur…
On finit par s’apercevoir que les deux schémas représentent le même objet, vu de profil puis du dessus. On pense à une sorte de fleur : la naissance d’un bourgeon à l’embranchement d’une tige, et d’autres choses encore se produisent à l’intérieur de ce bourgeon. On pense à la croissance d’un embryon dans une matrice, avec des zones progressivement différenciées. Effectivement vu de dessus, la fleur aurait précisément cette forme. Mais quel est cet objet au juste, et dans quel espace se situe-t-on ? Ni dans le ciel des idées, ni dans la réalité physique : dans l’espace non-dualiste de l’épistémologie*.

L’espace en question est structuré par le code couleur :

  • le bleu pour l’idée objectivante,
  • le rouge pour le corps objectivé,
  • le vert pour leur dialectique.

En fait, ce schéma résume un regard : celui que j’ai appris à porter sur le monde et sur son histoire depuis la fin de mon terrain yéménite, il y a près de dix-sept ans ; le regard d’un anthropologue batesonien.

Penser en termes d’épigenèse

Décrire ma main « Ramène ta main à la maison un de ces jours, et regarde-la attentivement… »
Gregory Bateson aimait remarquer ceci : tout objet organique apparaît plus beau lorsqu’on l’examine sous l’angle des relations qui le composent. Et cette beauté n’est pas seulement esthétique, elle est aussi l’indice d’une vérité plus profonde de la description.
Dans l’apparition d’une main sur un foetus, au cours de l’épigenèse*, les doigts se forment par différenciation latérale et réciproque. Le code génétique ne voit pas ma main comme un ensemble de choses (les doigts), mais probablement plutôt comme un tissu de relations : entre doigts voisins, entre le pouce et les autres doigts, entre les phalanges successives, etc.

⇒ + d'explications sur la page Décrire ma main

« J'affirme que si vous voulez parler de choses vivantes, non seulement en tant que chercheur en biologie mais à titre personnel, pour vous-même, créature vivante parmi les créatures vivantes, il est indiqué d'employer un langage isomorphe au langage grâce auquel les créatures vivantes elles-mêmes sont organisées » (citation n°7).

Dans mon travail d’anthropologue, mon problème n’a jamais été de décrire les systèmes religieux, ni les adeptes d’une religion particulière : quand je me suis engagé sur un terrain au Yémen, mon problème était de faire des sciences sociales. Et très vite - du fait des circonstances de mon premier passage à l’écriture en octobre 2003 - j’ai été conduit à m’interroger sur la nature de la description sociologique : sur ce que la description sociologique fait aux situations. Pendant plusieurs années, j’ai cherché la description qui me permettait de rester engagé au Hawdh al-Ashraf, de continuer d’y avoir une face, malgré le passage à l’écriture.

Ce schéma que je propose, c’est un peu la même chose. Sa finalité est d’offrir une représentation du bon usage de l’hypothèse sociologique*, ses conditions de validité dans l’espace matriciel du monothéïsme. Je le propose à ceux qui s’expriment aujourd’hui, dans des domaines aussi variés que l’expertise géopolitique, le « vivre ensemble » de la société française, ou encore l’histoire des idées. Dans tous ces domaines, il s’agit de dénouer le nœud associé à l’islam - mais l’approche organique en elle-même n’a rien d’original : elle était déjà inhérente aux sciences sociales les plus classiques, c’est juste que nous l’avons oublié. Mon schéma ne propose pas une nouvelle « théorie » : je le propose plutôt comme une sorte de grigri, un attracteur mental, une aide pour ne pas dire trop de bêtises.

Le schéma est surtout utile en ce qu’il propose une alternative à la vision culturaliste, qui organise le monde depuis 1945 (ère postcoloniale*). Nous sommes habitués à opposer des « cultures musulmanes » et des « cultures européennes », mais de mon point de vue d’anthropologue, la seule aire culturelle pertinente est l’aire culturelle monothéiste. J’ai la conviction que les trois principales traditions monothéistes sont essentiellement des points de vue, sur un corpus d’idées en grandes parties communes. Le monothéisme est un espace épistémologique, dans lequel on ne peut adopter toutes les positions à la fois ; un espace structuré par des quiproquos qui n’ont rien d’accidentel, et qui ne relèvent pas de la « distance culturelle ». Il y a lieu de penser le monothéisme comme un système homéostatique, conçu pour maintenir la vérité de certaines propositions théologiques, mais où les innovations intellectuelles de niveau logique inférieur circulent immédiatement.

Offrir une représentation de cette structure dans l’espace épistémologique commun, la montrer à l’œuvre à l’échelle des équilibres mondiaux, de l’histoire la plus lointaine, ou dans les mécanismes de l'interaction : c’est la seule manière d’émanciper les individus de nos sociétés complexes dans leurs cheminements particuliers.

Un embryon présente une topologie relativement simple, mais se conçoit en trois dimensions ; sa représentation « 2D » peut prendre un aspect très différent, selon le plan de coupe choisi - selon qu’on place l’Islam au centre (vue de dessus) ou l’Europe au sommet (vue de profil). Pourtant nous regardons bien le même objet : nous devons nous habituer à l’admettre.

Discussion à poursuivre
L’intersexuation dans l’épigenèse monothéiste

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fr/modele/matrice/epigenese.txt · Dernière modification : 2024/04/18 14:12 de mansour

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