Voir également la page de Waddah
(avec l'essentiel le concernant lui).
Waddah entre Ziad et moi, le 17 novembre 2008.
Pièces à conviction :
En octobre 2003, à la fin de mon premier séjour de terrain, je suis acculé à un rapport homosexuel subi dans la Capitale Sanaa.
Précisions sur les termes (selon ma tautologie) :
Récurrence : Les faits se produisent le 4 octobre au matin, puis se reproduisent régulièrement jusqu’à mon retour en France, le 23 octobre 2003. Nous y mettons fin d’un commun accord à mon retour l’année suivante (juillet 2004), mais je continue de prendre contact avec lui chaque année à mon retour, avant de descendre à Taez. Nous restons en contact de 2011 jusqu’à aujourd’hui.
Écriture : Les faits ne sont pas mentionnés dans mon mémoire de maîtrise (ils ne figuraient même pas dans mes carnets de terrain). À partir de 2006, ayant adopté l’homoérotisme* comme thématique de recherche, mes interventions académiques s’appuient sur la reconnaissance tacite « qu’il s’est passé quelque chose ». La reconstitution de ce « quelque chose » dans des écrits publics ne commence qu’en décembre 2017, après l’effondrement définitif du Régime.
La qualification précise des faits (…acculé à un rapport homosexuel subi…) ouvre la voie à une mise en relation explicite entre cet incident et mes démarches de recherche successives…
⇒ Voir la page Temporalité de l’intersexuation (mars 2023).
J'aboutis ainsi à une description en tant que geste masturbatoire, plus économe et plus précise dans ses implications épistémologiques.
⇒ Voir depuis la page : Masturbation (processus) (mai 2023).
L'incident se déroule en fait en deux temps (acte spontané / acte réfléchi), mais cette dualité* est très difficile à rendre dans la narration. Par tâtonnement, je découvre qu'il faut scinder l'histoire en deux récits, si possible éloignés l'un de l'autre :
⇒ Récit A / Récit B (juillet 2023).
Mes premiers textes avec Waddah (à partir de décembre 2017) sont « brut de décoffrage » : il fallait simplement dire les choses.
J’ai depuis testé différentes stratégie d’écriture, différentes formes de pudeur, associées à différents enjeux. Je tente dans ce dossier de faire le point.
Récits synthétiques :
Récits développés :
En général le récit est articulé, soit à l’incident avec Nabil quelques jours plus tôt (29 septembre 2003), soit avec ma rupture amoureuse huit mois plus tard (juin 2004), soit les deux.
Autour de moi jusqu’à ce jour, on s’étonne encore qu’il me faille raconter cette histoire. On ne semble pas comprendre l’injustice phénoménale qui découle de cette situation, à la fois pour moi et pour ceux qui ont été mes interlocuteurs. On préfère ne pas voir ce pacte mafieux entre islam et sciences sociales, typique de notre ère postcoloniale tardive*, dont découlent tant d’autres injustices de par le monde, aussi bien pour les sociétés musulmanes que pour les sociétés européennes. De nos jours, on veut croire possible d'avoir un coeur de musulman sans jamais utiliser sa langue dans le droit chemin, les sciences sociales et les institutions n'étant faites que pour être manipulées. Réciproquement, on veut croire que la voie royale vers une scientificité sereine sur les affaires humaines, est l’évitement systématique des dilemmes du coeur. La démission semble être la règle, pour les institutions et pour ceux qui les incarnent.
Dans cette situation, il est parfaitement légiféré de me faire entendre, aussi bien dans la jurisprudence islamique (voir Le Jardin des Vertueux de l’imam al-Nawâwî, chapitre sur les cas où médire est toléré) que dans la méthodologie ethnographique (L'ethnographe comme "circumstantial activist"), jusqu’à ce que cesse l’injustice que nous subissons. Aux sociologues et aux prédicateurs, il faut renvoyer les derniers versets de la Sourate des Poètes :
« [224] Quant aux poètes, ce sont les égarés qui les suivent. [225] Ne vois-tu pas qu’ils errent au gré de leurs caprices, [226] et qu’ils se vantent de choses qu’ils n’ont jamais accomplies ? [227] Excepté ceux d’entre eux qui ont la foi, qui pratiquent le bien, qui invoquent fréquemment le Nom de Dieu et qui se servent de leurs poèmes pour se défendre quand ils sont agressés. Les agresseurs apprendront un jour quel sort funeste les attend ! »