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fr:comprendre:tautologie

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« L’explication consiste en la cartographie des éléments d’une description sur une tautologie »
Gregory Bateson, La Nature et la Pensée, p.90.

La tautologie de mon enquête

  L’enquête se caractérise par une unité de lieu : le Hawdh al-Ashraf, quartier chargé d’histoire et d’une grande diversité sociologique : entre familles locales, commerçants et travailleurs journaliers ruraux.
  Mes observations se concentrent sur les rapports entre histoire sociale et interactions de la sociabilité urbaine, avec une attention particulière à la dimension symbolique du genre*.
  Une question théorique, la genèse des frontières sociales dans l’interaction*, m’aide à déconstruire progressivement les antagonismes sociaux* postulés initialement.
  …et en troisième année de thèse, j'aboutis à une tautologie*.

1. Mon petit théorème

Triangle interactionnel constitué d'un observateur (noir), d'un indigène à poignard (rouge), d'un informateur à cravate (bleu). Ce schéma symbolise un triangle interactionnel, qui fait référence à mon petit théorème de l’enchantement ethnographique :

« En présence d’un observateur européen*,
il y a toujours un Yéménite qui prend la pose
et un Yéménite qui vend la mèche »

La formulation de ce « théorème », au début de l’année 2008 (milieu de troisième année de thèse), était l’aboutissement de ma recherche. Elle signifiait ma capacité à relire toutes mes observations, l’ensemble des anecdotes consignées au fil des jours sur mes carnets (le plus souvent sans les avoir comprises…), en termes de perceptions situées (plutôt que par des spéculations essentialistes* quant à tel et tel acteur, tel et tel milieu et leurs propriétés intrinsèques). J’étais enfin prêt à restituer ma trajectoire ethnographique sur les bords de ce carrefour, que rien à l’époque ne semblait distinguer d’autres carrefours de la même ville, si ce n’est que le destin m’y avait fait atterrir (avant 2011 et 2015, j’avais toujours l’impression d’en faire un peu trop sur la centralité historique du lieu…). J’apportais ainsi un témoignage scientifique quant à l’unité fondamentale de cette société, sa cohérence sous-jacente d’un point de vue social et culturel, dans la stricte conformité à l’enseignement méthodologique de l’ethnographie*.
Et je revenais de loin.

Implicitement, ce schéma triangulaire parlait en fait de ma condition épistémique* dans cette enquête, marquée par une forme d’intersexuation.
Quatre ans et demi plus tôt, j’avais été acculé à un rapport homosexuel subi (octobre 2003), à la fin de mon premier séjour dans la Capitale Sanaa. Ce n’était pas un « viol » - c’est-à-dire l’ascendant d’une contrainte physique sur ma volonté ; ce n’était pas non plus un « passage à l’acte » - lié à une confusion psychique ou une forme de culpabilité. Non, j’avais noué ce rapport dans une lucidité subjective totale, dont je ne savais plus rendre compte. Je ne pouvais l’expliquer ni par l’hypothèse dualiste* du « viol », ni par l’hypothèse dualiste du « passage à l’acte », car c’était à la fois l’un et l’autre : j’avais été acculé à le subir, mais plaçant là tout de même une part de ma dignité. Quelque chose dont seul un schéma ternaire pouvait rendre compte.

2. L’intersexuation comme condition épistémique

fr:comprendre:intersexuation Sommaire intersexuation

Les objets de mon enquête :

  • Objet théorique = Rapports entre objectivisme* et intersexuation* (voir les entrées du Glossaire)
  • Objet déclaré = « L'histoire sociale au prisme de la sociabilité masculine. Séduction, méfiance et rapports d'honneur à Taez (Yémen) ».
  • Objet théologique = Pourquoi l’intersexuation de l’observateur est-elle le lieu du consensus ? (= existence du Mal)

Objet théorique

Sur le plan théorique, le véritable objet de mon enquête au Yémen a toujours été la question des rapports entre objectivisme et intersexuation :
(1) mon problème a toujours été d’échapper à l’objectivisme, d’échapper aux descriptions dualistes* d’une supposée « guerre civile » entre tradition et modernité, entre les tribus et les diplômés, entre le régime et les laissés pour compte, entre Sanaa et Aden, entre chiites et sunnites, etc..
(2) Selon la méthodologie, on échappe à l’objectivisme par la réflexivité. Mais j’ai eu conscience très tôt que ce n’était pas si simple (du fait des circonstances de mon premier passage à l’écriture, le 4 octobre 2003) : cette réflexivité impliquait en fait une véritable intersexuation de l’observateur, aux effets ambivalents.

intersexuation du Dossier Waddah.

Très tôt j’ai commencé à percevoir ce rôle ambigu de l’intersexuation, à la fois comme damnation épistémique*, et comme chemin vers la rédemption.

  • damnation épistémique : quand vous êtes intersexué, vous habillez votre honte avec des mots, la position d’intersexuation va de pair avec une forme d’objectivisme, ou de dualisme*
  • rédemption épistémique : assumer cette honte est en fait le seul chemin pour porter la responsabilité du langage.

Remarque: Cette ambivalence est perceptible dans le militantisme intersexe, et dans l’appellation « non-binaire » qu’il revendique, qui va au-delà de la seule « intersexuation » : lutter contre le patriarcat, c’est lutter contre une épistémologie. Le mot d’ordre relève d’une évidence, qui malheureusement ne fait sens que pour eux. (En fait la seule chose que je reproche à ce militantisme est son entre-soi : dans la communion avec les autres, je ne suis pas sûr qu’il aille aussi loin qu’il le prétend. Mais cette question relève au fond du dialogue inter-religieux, et finalement de la neutralité laïque).
intersexuation de Valoriser

Objet déclaré

Quand on fait des sciences sociales, on se pose ces questions à travers une société particulière.

Dès mon DEA (2004-2005), je me suis demandé si les Yéménites avaient la sociologie dans les yeux : étaient-ils « objectivistes » dans le regard porté sur leur environnement ? D’où le choix, dans les premières années de ma thèse (2006-2007), de centrer mon travail sur la vulgarité : la question était plus immédiatement compréhensible, mais j’ai toujours gardé cette question épistémologique en arrière-plan.
Dans la pratique des boutades homoérotiques, ce qui m’a intéressé est la dimension socialisante, pour des catégories de jeunes (commerçants, ouvriers journaliers, commerçants ambulants…) en contact permanent avec la diversité sociale. J’ai envisagé la possibilité qu’à travers ces boutades, ces jeunes puissent changer leur rapport à la ville, et qu’elle leur dévoile ainsi des chemins inattendus : non pas pour « accéder au haram », à une sexualité interdite, mais pour survivre dans une conjoncture économique difficile, et surmonter la fermeture des opportunités.

Je voulais croire les intentions pures malgré la vulgarité du langage, en somme, considérant le langage convenu préempté par le Régime (étatique, religieux, patriarcal…). Cette intuition présageait le moment 2011, d’une certaine manière ; mais ma recherche était allé plus loin, et présageait en cela l’effondrement.

Objet théologique

L’aboutissement de ma recherche, au début de ma troisième année de thèse, est cristallisé par l’incendie du 19 août 2007 : l’intersexuation de l’observateur fait en fait consensus. L’évidence apparaît au grand jour dans les circonstances du geste de Ziad, les détails de la mise en scène et la réaction des gens. Autrement, comment expliquer que le geste de Ziad ait été immédiatement tabou, et qu’on se soit refusé à faire le lien avec mon retour, quelques heures plus tôt ce jour-là ?
Le geste de Ziad dévoile soudain la connivence des Yéménites, leur conscience clivée dans leur collaboration à l’enquête - et plus largement dans leur « modernité ». On maintenait ma subjectivité aux prises avec le réel, en sachant parfaitement la honte que je dissimulais. On « gonflait » cette bulle spéculative, aux dépends d’une unité domestique, quelque part, dont l’existence était nécessaire d’un point de vue logique, et on le savait parfaitement.

De cette épiphanie , la question du Mal sort radicalement transformée : il n’est plus « là dehors »GB, lié à des entités abstraites et dans la matérialité du monde (le Régime, le Patriarcat…), mais en moi-même dans mon propre regard. L’intersexuation de l’observateur faisait consensus, elle était le seul consensus sur lequel ma recherche pouvait s’appuyer - mais en fait je l’avais toujours su…

La question théologique du Mal, de son caractère nécessaire, m’accompagne depuis :

  • Pourquoi faut-il que je sois entré dans l’islam dans ces conditions-là, quand la vulgate islamiste proclame que ma conversion me laverait de toute responsabilité1)?
  • Pourquoi fallait-il le 4 octobre 2003, et aussi le 19 août 2007 ? Pourquoi faut-il que cette histoire relativement simple, malgré tous mes efforts jusqu’à 2013, n’ait jamais trouvé sa place dans le monde académique ?
  • Pourquoi a-t-il fallu attendre l’effondrement définitif (décembre 2017), pour que je puisse enfin la confesser ?

Peut-être parce que toute confession implique église, et l’islam n’en a pas. D’ailleurs en décembre 2017, l’écriture n’était pas une confession, les mois et les années suivantes : elle était la revendication d’un geste, indissociable d’une affirmation politique. Elle était la survie de notre alliance parmi les décombres - pourtant la guerre a continué encore…
Peut-être parce que toute confession implique église, et les sciences sociales n’en sont pas une, plutôt une gigantesque bulle spéculative. 2023, année d’effondrement des valeurs occidentales (au sens de la bourse) ? Peut-être en 2023, notre petite histoire sera-t-elle valorisée à son cours réel, à la hauteur de nos investissements.
Mais peut-être le monde disparaitra avant, et peut-être après. Sur le terrain, le chercheur doit travailler dans cette temporalité.

fr:comprendre:intersexuation Sommaire intersexuation

En fait même en 2008, j’aurais été incapable de raconter cette expérience, sur laquelle je n’avais jamais écrit (seulement dix ans plus tard). Mais je savais avec certitude que, dans les circonstances qui m’avaient mené là, les Yéménites avaient joué deux types de rôles bien distincts :

  • certains, par leur comportement, m’avaient constamment attiré en dehors de ma zone de confort ;
  • d’autres à l’inverse, m’avaient constamment renforcé dans mon confort subjectif, en quelque sorte « à l’insu de mon plein gré ».

Entre ces deux groupes (traditionnels contre modernistes, tribaux contre cosmopolites, Sanaa contre Aden, etc.), la frontière n’avait jamais été aussi étanche que certains de mes écrits ultérieurs ont pu le laisser croire. Tout le long de mon premier séjour, je savais globalement percevoir les postures en demi-teinte, gérant instinctivement la complexité de la situation.2)

Mais après avoir traversé cette expérience, je ne pouvais plus éviter d’opérer cette distinction, d’appliquer intellectuellement ce critère à toutes les situations vécues. Sur les uns et les autres, je ne portais pas le même regard :

  • des premiers, je soupçonnais volontiers un instinct dominateur, ou d’être des « pervers narcissiques » - celui qui vous attire dans une relation, puis essaie de vous dominer dans le cadre de celle-ci ;
  • des seconds, je soupçonnais une forme d’opportunisme ou de superficialité : de ne chercher à travers moi qu'à se mettre valeur, à flatter leur propre « modernité »…

Dans l’apprentissage sur le terrain, ce genre de configuration triangulaire est peut-être inévitable : la méthode ethnographique* nous met en garde contre une répartition des rôles trop bien installée entre « indigènes »* et « informateurs ».
Mais après l’expérience d’octobre 2003, ma perception des situations était sexualisée : je savais où les premiers pouvaient me mener, quant aux seconds, j’avais « payé pour eux » en quelque sorte. Je ne pouvais m’empêcher de situer mes interlocuteurs sur des plans différents par rapport à ma honte, du fait de l’ancrage corporel de la relation.

Code couleur Responsabilité Ancrage corporel
Rouge ceux qui m’ont acculé
« m’ont attiré au-delà de ma zone de confort »
rapport à « l’oralité »
(ou en tous cas avec le visage)
Bleu ceux pour lesquels j’ai subi
« m’ont caressé dans le sens du poil »
rapport à « l’analité »
(ou en tous cas avec l’assise, y compris théorique)

En juin 2004 je soutiens mon premier mémoire, entièrement construit sur l’hypothèse d’un antagonisme entre deux milieux (jeunes citadins désoeuvrés vs. jeunes commerçants actifs). Je dois retourner à Taez quelques semaines plus tard, et je sens monter l’angoisse… Puis vient un déclic, une révélation que j’appelle « homosexualité », et mon coeur s’apaise instantanément. Je suis prêt à assumer cette condition épistémique d’intersexuation.

3. Les ressources du Hawdh al-Ashraf

Pour comprendre la réussite de mon enquête ultérieure, il faut insister sur trois points cruciaux :

  1. l’incident d’octobre 2003 ne s’était pas passé à Taez, et le jeune homme n’y était pour rien au fond : un cousin exilé à Sanaa, qui n’avait pas assisté à l’intrigue des semaines précédentes, et qui s’était laissé piéger. Lui aussi avait été acculé, lui aussi avait subi ce rapport, dont il n’avait jamais fait l’expérience auparavant.
  2. j’étais irrémédiablement lié au Hawdh al-Ashraf, incapable de m’installer durablement ailleurs, mais à cet endroit je pouvais rencontrer sans cesse de nouvelles personnes, des personnes neutres (ni rouge, ni bleu, mais vertes dans mon code couleur…). Il y avait des gens qui connaissaient mon histoire sur place, qui la comprenaient mieux que moi-même, et aussi des gens dont j’étais sûr qu’ils ne la connaissaient pas.
  3. par ailleurs j’avais confiance en leur pudeur, même si je n’en avais pas conscience, je savais instinctivement que les Yéménites ne parlaient pas (à part les Yéménites francophones, dans le petit milieux des intermédiaires culturels, contre lesquels j’ai réagi très vivement en février 2006).

Dans ces conditions, il ne tenait qu’à moi de tourner la page… sauf que je n’y arrivais pas. Dans mes efforts pour théoriser la situation sociale du Hawdh al-Ashraf, tout en continuant d'interagir avec elle, j’étais constamment renvoyé au passé. Je n’arrivais pas à penser les choses d’une manière qui me libère de cette expérience. La sociologisation avait quelque chose d’irréversible : j’étais condamné à retrouver perpétuellement le même antagonisme, utilisé un temps pour dissimuler ma honte. Un phénomène d’hystérésis* que j’étais bien décidé à surmonter…

4. La résolution

En septembre 2007, j’ai pris tout le monde de court en me convertissant à l’islam, tout seul devant mon ordinateur. Je suis rentré dans la mosquée du Hawdh sans rien demander à personne, et du jour au lendemain j’ai rejoint la prière collective. Il était hors de question de me plier à une cérémonie de conversion, parce que j’étais sur le terrain, et parce que le Hawdh al-Ashraf étaient les interlocuteurs de mon travail depuis déjà quatre ans. Il était hors de question de leur laisser croire que le problème venait de moi, d’une perversité intrinsèque des sciences sociales ou de l’Occident. De toute façon à ce stade, j’avais déjà rassemblé toutes mes observations : il ne restait plus qu’à retourner l’observation contre moi-même, dans un ultime sursaut de dignité.

reprise du schéma ci-dessous, entouré d'un microscope vert

Dès cet instant, la situation s’est mise à évoluer et s’est résolue progressivement, à la fois dans mon travail et dans mes rapports avec les Yéménites. Dans mes carnets, j’ai consigné avec soin cette évolution miraculeuse, puis la pudeur m’a conduit à me retirer.
Alors que s’est-il passé ?

  • Pour les uns, la sociologie était un égarement, je suis donc revenu dans le droit chemin.
  • Pour les autres, l’islam n’est pas compatible avec la science, j’ai donc renoncé à l’objectivité.

Bref quand je lève la tête - oh surprise ! - je retrouve mes rouges et mes bleus… Depuis plus de quinze ans j’observe leur petite danse, ce « chassé-croisé » dont les Taezis étaient spécialistes, qu’ils m’ont appris sur les bords du rond-point. Plus j’observe le monde qui m’entoure, plus le Hawdh al-Ashraf est magnifié, et plus je réalise l’importance du propos. Dorénavant, j’observe à partir de la structure qui relieGB.

5. Sur la guerre civile

Donc pour la guerre civile yéménite, il est absurde d’en chercher les causes à Taez, à l’intérieur des frontières du Yémen, ou encore dans les jeux d’influence entre tels et tels acteurs régionaux. Une cause plus structurelle est ce marché de dupes, caractéristique de notre époque postcoloniale tardive*, entre spécialistes de l’islam* et diplômés musulmans*.

L'observateur et la crise yéménite (schéma 2021).

Le cadre anthropologique réel de cette tragédie réside dans les centres urbains globalisés, dans les contraintes institutionnelles et discursives dont ma petite histoire est le révélateur. Contraintes qui depuis vingt ans, m’ont empêché de qualifier les évènements de mon premier séjour, malgré la pudeur dont j’ai toujours fait preuve. Contraintes qui m’obligent à osciller perpétuellement entre le « viol » et le « passage à l’acte », juste pour garder cette histoire vivante. Cette dette n’a jamais été d’ordre privé, et les institutions finiront un jour ou l’autre par la prendre en charge. Dans cette épreuve, je réalise la connivence étroite des traditions monothéistes* : revivant cette histoire en couleurs toujours plus vives - comme sur les vitraux d’une cathédrale - je me sens toujours plus proche des Taezis là-bas, de leur pudeur dans la tragédie qui les frappe. Le battage médiatique nous les rend inaudibles, en dissimulant l'essentiel : les Yéménites connaissent la corruption qui a causé leur perte, et c’est leur silence qu’il faudrait faire entendre. À vingt ans de distance, c’est ce que je m’efforce de faire.

Conclusion

Tautologie (Définition de Gregory Bateson, dans le glossaire de La Nature et la Pensée) :
Ensemble de propositions liées entre elles où la validité des liens ne peut être mise en doute. La vérité des propositions, en revanche, n’est pas posée. Exemple : la géométrie euclidienne.

Dans la géométrie euclidienne, il n’est pas contestable que si deux droites sont parallèles, toute parallèle à l’une est parallèle à l’autre ; la géométrie ne dit pas si ce sont vraiment des droites, ou si elles sont vraiment parallèles…

· 2023/07/05 14:03
· 2022/12/28 10:42

Face à la société yéménite, ma démarche a été un peu la même : à un certain stade, j’ai cessé de me demander, entre les gens du quartier et les gens du carrefour, si les premiers étaient vraiment plus « tribaux » que les seconds, et les seconds plus « modernes » que les premiers. Il m’a semblé préférable d’établir un certain nombre de relations indubitables entre l’objectivisme*, le dualisme* corps-esprit, et le recours que constitue la structure qui relie*. Cette tautologie est exprimée dans le code couleur, et se décline sur l’ensemble de ce site.

Mais cette vision dualiste et naïve, je l'avais déjà refusé une première fois en octobre 2003, de manière instinctive et performative. À court terme, ça m'avait permis de faire une bonne première étude. Mais à plus long terme, mon étude était gagnée malgré elle par une tautologie binaire, de type maison kabyle : « le masculin est dehors, le féminin est dedans… ». Une tautologie héritée en fait de la psychanalyse (voir la notion d'« homosexualité refoulée »), que je tentais de combiner avec la physique des transitions de phase (voir section Le modèle). C'est ce qui m'a conduit à cette tautologie alternative (ternaire).
En d'autres termes, il ne suffit pas de critiquer la binarité pour en sortir soi-même…


Voilà donc le squelette de mon histoire au Yémen, mis à nu sur cette page, sans aucun personnage encore.

  • Si cette tautologie ne vous convient pas, alors ce n’est pas la peine d’aller plus loin dans la lecture.
    Après tout, peut-être appartenez vous à une toute autre espèce : contrairement aux oursins, peut-être n’avez vous pas de bouche et pas d’anus, pas de face et pas d’assise ; peut-être ne vivons-nous pas la même épistémologie. Peu m’importe que vous vous réclamiez d’une science révélée, d’une forme de rationalisme*, ou des deux à la fois : ces pages ne vous satisferont pas.
  • Si la tautologie est comprise, alors vous pouvez partir à la découverte des personnes et des moments, des contextes et des processus.
    Et si vous voulez me faire vos retours, entre congénères, ils me seront précieux.

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1)
Selon un hadith rapporté par Muslim : « L’islam efface ce qui est venu avant lui », c’est-à-dire les péchés de la personne, selon la plupart des commentateurs. La personne n’est pas pour autant dénouée de toute responsabilité, relevé de tout rapport clientélaire (mawlâ - voir l'entrée dans le glossaire des termes indigènes).
2)
Ces toutes dernières années, j’ai repris les carnets de mon premier terrain. J’ai pu reconstituer les circonstances de mon basculement dans une fiction, à travers l’invention d’une supposée tentative de viol le 29 septembre 2003 : un incident sans gravité, mais suffisant pour me reprocher rétrospectivement d’avoir été naïf, et c’est ce raisonnement qui me conduit au second incident (4 octobre).
fr/comprendre/tautologie.1678112376.txt.gz · Dernière modification : 2023/03/06 15:19 de mansour

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