Ci-dessous (pardon pour le caractère désordonné…) :

• La culture, notion dysfonctionnelle
  • Retrouver notre capacité d'agir au XXIème siècle
  • Une anthropologie batesonienne du fait culturel monothéiste (note d'intention)
  • La matrice monothéïste
  • Nous sommes l'infrastructure (le rapport avec Marx)
• Les humanités postcoloniales et "l'enchantement ethnographique"
  • Théorème de l'enchantement ethnographique
  • Réflexions sur la gamme tempérée
• Transitions dans l'écosystème monothéiste
  • Le monde propre du Bernard-l'ermite
  • Décrire le monothéisme comme un organisme : implications philosophiques
  • Frise résumant ce que je comprends de l'histoire du monde
• (Genèse de ma réflexion / section Le modèle)

Nous sommes au bout d'un cycle, mais de quel cycle?
Et pourquoi dans ce moment précis, dans toutes les sociétés occidentales, la juste relation à l'islam devient question clivante ?
Voici mes propositions pour y voir plus clair :

D'abord il faut lutter contre un mésusage du culturalisme. La différence culturelle existe, mais l'échelle pertinente est le monothéisme.

Si le Yémen et la France relevaient de cultures différentes, il serait impossible d'expliquer la connivence établie dès mon premier séjour avec Ziad et son environnement (2003). Impossible d'expliquer mon cheminement intellectuel ultérieur (2007-2022 - voir ci-dessous) - où la conversion à l'islam m'ouvre la porte de l'oeuvre scientifique du britannique Gregory Bateson, qui m'ouvre la porte à la compréhension de l'islam médiéval, qui m'ouvre la porte à la culture classique européenne, et finalement à une compréhension plus profonde de ma propre société - traversant allègrement des cloisons artificielles, maintenues par les institutions académiques occidentales. Impossible d'expliquer la connivence qui survit avec Ziad à vingt ans d'intervalle, bien que nos interactions directes depuis dix ans se comptent sur les doigts d'une seule main. Toutes les explications avancées depuis vingt ans par nos entourages respectifs à la stabilité de cette relation - schizophrénie, homosexualité refoulée, deuil pathologique, j'en passe et des meilleures… - sont générées par le déni de cette appartenance culturelle commune, et relèvent en dernière analyse de l'erreur_du_concret_mal_place.

D'un point de vue anthropologique, l'islam et l'Europe ne sont pas des cultures différentes (comme par exemple quand les Européens ont rencontré les peuples du continent américain). C'est une métaphore abusive que nous utilisons, pour décrire un certain nombre d'expériences quotidiennes, des problèmes que nous avons à résoudre, mais cette description ne correspond pas à ce qui se passe vraiment dans l'interaction, l'apprentissage, l'émotion religieuse ou artistique.

C'est pourquoi la notion de “créolisation” n'est pas pertinente (les élites politiques qui y ont recours ne convaincront jamais nos concitoyens, et ils se tirent une balle dans le pied). Cette idée de culture, mise à l'honneur en 1945, est aujourd'hui dysfonctionnelle, mais ils semble que les Humanités sont les dernières à s'en apercevoir.

Retrouver notre capacité d'agir au XXIème siècle

Mon petit théorème de l'enchantement ethnographique, formulé début 2008

Au cours de mon travail dans la société yéménite, j'ai posé un petit “théorème”, qui parle en fait d'interaction en contexte épistémologique dualiste :

« En présence d’un observateur européen, il faut toujours un Yéménite qui prend la pose et un Yéménite qui vend la mèche »

Réflexions sur la musique (une autre clé de ma démarche).

Les universitaires sont peut-être spécialistes de toutes sortes d'objets, phénomènes naturels, culturels, périodes historiques. Mais nous sommes tous le produit d'une même époque, et au final, ils ont souvent le même rapport à leur objet que les ethnologues à leur terrain (voir notamment l'affaire Gouguenheim de 2007, très révélatrice). Bien sûr les conséquences ne sont pas les mêmes selon qu'il s'agit d'une société vivante, de la biosphère ou d'un passé lointain. Mais les crises écologiques et moyen-orientales ont partie liée : la clé de leur résolution réside certainement dans ce passé, dont les universitaires sont les gardiens.

• Le monde propre du Bernard-l'ermite
• Décrire le monothéisme comme un organisme : implications philosophiques

Voilà ma frise, résumant ce que je comprends de l'histoire du monde, de manière très générale.
On constatera que ma frise, bien qu'approximative à plusieurs endroits, ne saute pas 1000 ans d'histoire médiévale en passant directement de l'Antiquité à la Renaissance, comme c'est le cas dans l'écriture occidentale de l'histoire à 99%.

• Si l'on considère le monothéisme comme l'échelle culturelle pertinente, alors on peut s'ouvrir à une conception très différente de l'histoire du monde, une conception systémique, qui redonne une place centrale à la notion d'Orient.
• Cette approche systémique nous reconnecte à la dimension biologique de l'histoire humaine, rendant possible de nouvelles métaphores (comme celle du Bernard l'ermite, ci-contre). C'est une caractéristique des transitions telles que celle que nous vivons, où l'histoire se dénoue et se reconnecte autrement. Nous y sommes.
• (Une meta-histoire) Cette frise est d'abord construite sur le travail des universitaires de notre temps, héritiers de l'hybridation disciplinaire entre sociologie et histoire. Mais cette approche, notre formation commune, est située dans l'histoire du monde. Je voudrais que les universitaires que j'ai lu et écouté, m'écoutent à leur tour et me répondent, qu'un dialogue minimal puisse s'installer. Le wiki devrait permettre cela.