Table des matières
Genèse
L'impasse de ma thèse
Dès l'automne 2008, l'énigme de ma recherche au Yémen est levée, le paradoxe est résolu (voir notice), la relation est stabilisée (ci-contre). Et je reçois l'encouragement du CNRS à travers le Prix Michel Seurat (ci-contre).
À la base, je suis physicien de formation. Passionné d'arabe, je me suis approprié le langage et les méthodes de l'ethnographie réflexive, mais j'ai construit mon objet comme un physicien expérimentateur. Pour revenir au Yémen la tête haute, il faut maintenant rédiger une thèse d'anthropologie, et c'est un autre défi : il faut sortir du point de vue ethnographique et expérimental pour nommer cette histoire, la situer dans les savoirs existants, dire ce que j'ai vu. Or peu à peu, je vais m'apercevoir que ce n'est pas possible. Il n'existe pas d'anthropologie susceptible d'accueillir notre interaction. En 2013, je suis finalement contraint de jeter l'éponge, et de laisser le Yémen aller vers son destin.
Voir le dossier valoriser:academia pour l'analyse précise de cet enlisement, ses implications pour les rapports entre islam et université. Il est crucial de distinguer ces deux discussions : ici il est question des rapports entre sciences, humanités et monothéïsme, de manière très générale.
Un cheminement intellectuel
À travers mes recherches ces dix dernières années, dégagé de toute obligation académique (comme celle de m'inscrire dans les chapelles et les modes universitaires), j'ai eu à cœur de reconstruire la culture d'honnête homme qui m'avait manqué. Les étapes de ce cheminement sont les suivantes :
- pensée systémique, biologie/ethologie (…2008-2010…)
(œuvre de Gregory Bateson) - histoire de la théologie musulmane (…2011-2013…)
(rôle médiateur du jeune chercheur Ovamir Anjum) - l'histoire sociale des mathématiques et des idées scientifiques (…2014-2016…)
(époque où je travaillais comme prof de maths, fréquentant un peu l'IREM de Montpellier) - théologies monothéistes comparées (…depuis 2017)
(grâce aux cours de l'Institut de Théologie Protestante de Montpellier)
J'ai ainsi abouti à une anthropologie générale d'inspiration batesonienne (systémique) mais centrée sur le fait monothéiste (contrairement à la systémique née à l'époque de la Guerre Froide, où cette question n'était pas à l'ordre du jour).
Une anthropologie qui s'inscrit difficilement dans les champs académiques existants. Mon enquête au Hawdh al-Ashraf, qui ne relève pas de l'ethnologie Moyen-Orientale, ne fait pas non plus de moi un docteur en biosémiotique, en théologie médiévale ou en philosophie des sciences. Mais au vu du contexte historique que nous traversons, des défis internes à la société française comme des nouveaux défis géopolitiques, je peux tout de même interpeller la recherche académique, sur des bases que je m'efforce ici de préciser.
Les voyages de Ziad
Au cours des années 2010, Ziad a vraisemblablement beaucoup voyagé aussi, intellectuellement, tout en accompagnant le basculement de sa société dans la guerre. Ses réflexions en 2022 n’ont plus grand chose à voir avec celles des années 2000 (traitées dans la partie « comprendre »). Je place ici ce que nous pouvons en savoir. D’une manière ou d’une autre, les réflexions de cette partie doivent aussi nous permettre de retrouver un terrain commun.
⇒ Les voyages de Ziad