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Variations sur le modèle d'Ising

Janvier 2023 : une amie philosophe me demande : Quel est ton modèle ?

« Selon moi dans ton site, les questions restent formulées à minima ou plutôt formulées pour toi en termes d’expérience. Ce qui dans mes représentations est un en deça de la science. (…) Le modèle occupe la place de la formulation qui permet de dénouer l’expérience et de la rendre accessible, sinon maîtrisée, par tout autre que soi. » (voir l'échange initial ci-dessous)

⇒ Je lui réponds par le modèle d'Ising* (voir glossaire). Et quelques semaines plus tard, j'investis la notion d'intersexuation. Sommaire intersexuation

Gribouillage d'un physicien expliquant le modèle d'Ising Dans cette section, l'idée est de m'en tenir à des idées formelles ou philosophiques, donc il y a très peu de « chair » (descriptions sociologiques, contextualisations). On pourra se reporter à la section “Comprendre”, pour retrouver tout ce dont je parle (index des personnes, des dates, des contextes…). Je limite aussi les renvois aux autres sections (sauf via les entrées du glossaire), afin que la structure du wiki ne se substitue pas au modèle - par ailleurs toujours en chantier. Inchallah, il y a là l'embryon d'un travail académique rigoureux.

Pourquoi la question du modèle?

Clarification en date du 11 janvier 2023.

La seule question théorique que j’aie jamais posé, c’est celle du Social (voir l’entrée du Glossaire).

  • Au cours de ma formation (à partir de l’automne 2001), c’est cette question qui organise ma « carte mentale » des théories sociologiques, indépendamment de toute confrontation au terrain.
  • Lors de mon premier terrain (2003), cette question est au coeur de mes premières discussions théoriques avec Ziad, qui fondent notre alliance mais qui sont rapidement interrompues par l’intrusion du réel (incrédulité des commerçants, volte-face des jeunes du quartier) ;
  • Qu’est-ce qu’avoir l’intuition du Social? À partir de mon second terrain (2004), c’est la question autour de laquelle ma réflexion s’organise, à travers laquelle je tente de surmonter l’impasse (voir mes principaux textes) :
    ⇒ D'où ma recherche sur les hommes des peine (Qui sont ces ruraux qui échouent à acquérir l’intuition de la ville?)
    ⇒ D'où ma recherche sur les boutades homoérotiques (L’intuition du Social comme appétence qu’il s’agit d’entretenir).
  • L’intuition du Social découle de la foi monothéiste (2007) : recadrage ethnographique qui résout la question, conduisant à la clôture de mon terrain (retrait par pudeur en 2008 et 2010).

Comme l’institution ne m’a pas suivi à l’époque dans ce cheminement, on se retrouve dans la situation des années 2010 : Ziad et moi, convertis isolés dans nos sociétés respectives, impuissants face au déploiement de la grande Histoire. À moins que ce soit notre impuissance devant l’Histoire qui explique que les institutions ne nous aient pas suivi…
Quoi qu’il en soit, il faut donc maintenant reprendre ce cheminement, et négocier son inscription dans une perspective plus large, sur le monde contemporain et son histoire.

La question du modèle est le lieu stratégique pour introduire cette perspective. Il s’agit de faire de la pédagogie batesonienne sur la base de mon propre cheminement théorique : Qu’est-il advenu du modèle d’Ising ? Comment ai-je fait évoluer les habitudes intellectuelles tirées de ma formation scientifique initiale, en prise avec des problèmes du XXIème siècle, qui ne se posaient pas à l’époque de Bateson ou pas dans les mêmes termes ?

Variations sur le modèle d’Ising : le Social, le genre, Dieu

Premiers jets du 1er au 10 janvier 2023, avec rédaction en parallèle du Glossaire.
Première synthèse dans Le physicien et le Social.

Textes ordonnés par ordre chronologique :

L’idée générale de ces textes

(11 janvier 2023)

Les sociologues, lorsqu’ils évoquent le Social sans réfléchir, supposent intégrables* des phénomènes qui ne le sont pas, ou pas nécessairement (par contraste avec le modèle d'Ising*).

Les catégories sociologiques tiennent en fait pour d’autres raisons :

  1. d’une part la civilisation industrielle (qui a jeté les peuples européens dans la boucherie de Verdun, sans que la sociologie y puisse quoi que ce soit - sauf chez nos voisins chrétiens orthodoxes, ce n’est pas un hasard…) ;
  2. d’autre part le contexte postcolonial* (qui conditionne la possibilité de « disposer d’eux-mêmes » au fait de se constituer comme « Peuple ») ;
  3. ajoutons, pour le contexte postcolonial tardif, la civilisation cybernétique* (colonisation industrielle de nos subjectivités, au sein de laquelle les sociologues occupent la fonction objective de G.O., « Gentil Organisateur » ).

Afin d’agir dans cette conjoncture épistémique si particulière, et de traiter les conflits générés par cette situation, les travailleurs intellectuels doivent retrouver l’intuition monothéiste* qui préside à leur travail, c’est-à-dire l’intégration de leur propre pensée (plutôt que de croire leur rationalité propre issue de la cuisse de Jupiter…).
En termes batesoniens, il convient que chacun réinscrive l’ontogenèse* ethnographique de son cheminement personnel dans la phylogenèse d’une matrice historique partagée. De cet effort sur soi mené individuellement, et de l’écologie mentale* qu’il suppose à une échelle plus large, pourra émerger un sens collectif renouvelé de la neutralité laïque.


L'échange initial

Tu me demandes le modèle, l’hypothèse théorique que mon travail vise à établir, voire à invalider. Tu écris que dans mes textes :

« les questions restent formulées à minima ou plutôt formulées pour toi en termes d’expérience. Ce qui dans mes représentations est un en deçà de la science. (…) »

Tu as doublement raison.
Dans la tradition scientifique moderne, à laquelle je prétends appartenir, le récit est effectivement un en deçà de la science (quoi qu’aient pu en dire, autour des années 1980, les théoriciens de l’anthropologie post-moderne).
Par ailleurs dans le cas présent, le récit n’a pas de sens en lui-même, sans la question d’ordre scientifique qui m’animait à chaque instant : l’histoire ne tiendrait simplement pas. Car l’histoire porte précisément sur cette question : la science peut-elle être le lieu d’une rencontre ?

Sauf qu'à un certain stade, j’ai laissé entrer Dieu dans cette histoire. Et la démarche n’aurait pas été sincère, si elle ne m’avait conduit à relativiser la question de départ, sous sa formulation particulière. La question scientifique n’a jamais cessé d’être là, mais c’est par un acte de foi que je la suppose toujours partagée par mon lecteur. Une foi d’ethnographe, pris dans l’asymétrie structurelle entre Nord et Sud : entre ceux qui prêtent foi en leur propre science, et ceux qui n’ont d’autre science que leur foi.
Voilà l’asymétrie que toute science sincère s’efforce de contrebalancer. Voilà ce qu’a été le cheminement. S’il s’avère maintenant qu’il faut rappeler la question de départ, alors ce n’est plus acte de science, ce n’est plus acte de foi, c’est acte de théologie.

« (…) À supposer que dans le chemin entre intuition et science vraie, le modèle occupe la place de la formulation qui permet de dénouer l’expérience et de la rendre accessible, sinon maîtrisée, par tout autre que soi, le modèle serait le filtre de l’analyse, le moyen de la démonstration, le langage de la transmission. Selon ce schéma, il me manque la formulation dépersonnalisée des rapports que tu souhaites explorer, sinon expliquer. »

Te relisant aujourd'hui, oui, je crois bien que le modèle d'Ising occupe cette place-là.

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(section “Modèle”)

fr/modele/ising/accueil.txt · Dernière modification : 2023/09/19 16:21 de mansour

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