Ceci est une ancienne révision du document !
Table des matières
Dissolution / Réunification (journal juin 2024)
À l’aube du vendredi 14, quelques remarques sur la simultanéité entre la réunification de Taez et la dissolution d'Emmanuel Macron. La conjonction interroge, et pour l’histoire de ce site c’est un épilogue éloquent.
Jeudi 13 : Accélération
(posé hier soir dans l'accueil des Moments)
- Vendredi 7 : Fin des examens, fin des séminaires, une année pour rien?
"Every State Line" ⇒ Chantier Ani Difranco (en cours). - Dimanche 9 : Dissolution de l'Assemblée Nationale.
- Mardi 11 : Je découvre republication de La Nature et la Pensée
- Jeudi 13 : Ouverture route d'al-Hawban, soit la réunification de Taez. (Réaction de Ziad).
- …et demain?
Subhân Allah : la « chaîne de vacances » des Bernards-l'ermite a déjà commencé…
Comme le Bernard l'ermite, l'Europe a un problème structurel de croissance dans son rapport à ses propres institutions
(Explications dans la section Explorer).
Vendredi 14 : Sur la situation politique française
Il y a deux jours, j’écoutais les commentaires d’Henri Guaino sur la situation politique de la France. C’est un homme que j’estime, surtout pour son rapport à l’histoire, et il était passablement pessimiste :
« On a ouvert une ère de désordre absolu, qui va déboucher sur beaucoup de violence - vous connaissez mon obsession… » (vers 10’).
Or je pense qu’il se trompe, pour des raisons structurelles : il ne tient pas compte de l’intelligence des musulmans, il ne la voit simplement pas.1)
Aujourd’hui au réveil, je pensais encore à mon CV, désespérément vide. Mais je pensais aussi aux Bernards-l’ermite, à leur « chaine de vacances », et je riais de moi-même : comment dans ces circonstances songeraient-ils à me donner du travail ??
Sur ce site, je démontre qu’on peut gagner des hasanates en faisant des sciences sociales. On peut être une petite goutte d’huile dans le grand moteur de l’Histoire, et pour cela mériter sa place au Paradis des Bienheureux. C’est ce pourquoi j’écris, il n’y a rien d’autre à attendre. Plus j’avance, plus il me semble que les musulmans font déjà comme ça, sans avoir besoin de lire Bateson ou d’écouter Ani Difranco2). Les musulmans sont ces petites gouttes qui font l’Histoire, quand Ani et moi nous tenons sur le bord du Grand Canyon (voir tout en bas son poème, que j’ai traduit avant-hier). Si je peux être une petite goutte à mon tour, ce salaire est bien suffisant.
En réalité, la chaîne de vacances est dans sa phase finale, et pas besoin d’être Vincent Planel pour s’en apercevoir. Nous sommes dans ce moment où le Bernard l’ermite, ayant calé son abdomen mou et visqueux au fond de sa coquille, va bientôt pouvoir lever les yeux.
Dans chaque famille politique, on assiste ces jours-ci à une irrésistible décantation, chacune s’installant dans une personnalité qu’elle « sent bien » :
- À gauche, tout s’écoule vers François Ruffin - l’un des rares qui a su un peu se mettre à l’écoute des Gilets Jaunes ;
- À droite, tout s’écoule vers Edouard Philippe - celui qui a fait ses preuves dans la crise du Covid, et que Macron a remercié parce qu’il lui faisait de l’ombre ;
- À l’extrême droite, tout s’écoule vers Jordan Bardella.
Dans ce moment historique où le RN devient le parti majoritaire en faisant 32 % des voix, c’est du bon sens que la famille Le Pen est encombrante, et qu’il faut confier les rênes à un jeune. Bien sûr à gauche on ne veut pas y croire, on soupçonne une « stratégie de dédiabolisation ». Non, c’est juste un moment historique où la gravité reprend ses droits, partout. Chaque fois ce sont des hommes, par gravité encore. Mais c’est une question d’adéquation au rôle, relativement à chaque orientation idéologique, en fonction d’une situation historique partagée.
Une fois clarifiées les têtes d’affiches, les militants en ordre de marche et l’abdomen bien calé, ces structures partisanes vont pouvoir lever les yeux. Alors elles se rendront compte de leur inadéquation : Philippe est un type trop bien pour prendre la tête de la macronie, et le combat de coqs Bardella-Rufin n’a aucun sens. Pas plus que le match « Rassemblement National » contre « Front Populaire ».
« L’Histoire se répète. La première fois elle est tragique, la deuxième fois c’est une farce ».
Édouard Philippe a raison de citer Karl Marx. Je parie qu’avant la fin de cette campagne-éclair, les militants eux-mêmes auront honte de leur nom.
La raison de cette inadéquation est pointée par Emmanuel Todd, dans le dernier chapitre de son dernier livre, La Défaite de l’Occident (Gallimard 2024) :
« Ce que ne pouvaient imaginer Engels ou Lénine (mais que Hobson avait entrevu), c’est que le prolétariat occidental pourrait être complètement transformé en une plèbe vivant largement du travail des Chinois et d’autres peuples du monde. (…) Pourquoi les populations qui ont survécu au démantèlement de leur industrie sont-elles maintenant de droite ? C’est tout simple. Les partis de gauche, sociaux-démocrates ou communistes, s’appuyaient sur des classes ouvrières exploitées. Les partis populistes, eux, s’appuient sur des plèbes dont le niveau de vie dérive largement du travail sous-payé des prolétaires de Chine, du Bangladesh, du Maghreb ou d’ailleurs. Je me surprends moi-même en pensant ce qui suit : les électeurs populaires du Rassemblement National sont, au regard de la théorie marxiste la plus élémentaire, des extracteurs de plus-value à l’échelle mondiale. Ils sont donc très normalement de droite. »
D’où ce moment révélateur, avant-hier sur le plateau de Mediapart, cette remarque d’une militante de Seine Saint-Denis à la 66ème minute :
« …Juste, je voulais dire aussi quelque chose. Beaucoup de personnes sont venues voter mais… en sortant… la plupart disaient espérer qu’il y a des choses qui vont changer. Le pouvoir d’achat. Le pouvoir d’achat, on n’en parle pas. Beaucoup de personnes qui retirent les aliments à la caisse, ça aussi c’est vraiment scandaleux. Parce que vraiment, on n’arrive pas à joindre les deux bouts… »
On sent cette militante pas vraiment à l’aise, dans son rôle habituel de « classe populaire racisé-e ». Que tente-t-elle d’exprimer au juste ? Faut-il comprendre que ceux qui se rendaient aux urnes, jusque là en Seine Saint-Denis, s’y rendaient pour que les choses ne changent pas ?
Plan large sur l’ensemble des invités : l’une hoche la tête de manière cérémonieuse, les autres restent étrangement figés…
C’est le nœud de notre situation historique, qui se dénouera forcément dans cette campagne. Le renoncement à l’extraction de plus-value, il se joue d’abord dans nos propres subjectivités. Quels que soient les atermoiements, les grincements que cela suscite, les sphères publiques européennes s’y dirigent à grand pas. Et dans l’instant-même, l'Orient retrouve son épaisseur.
La circulation revenue sur le carrefour, devant le Centre Mansour al-Fransi (autre photo reçue ce matin).
Le mur de Taez est tombé hier, et Ziad m'accuse d'en être responsable avec Trump. Il promet : « Je vais les baiser tous les deux sur le Carrefour du Palais Républicain », c'est-à-dire juste derrière la ligne de front, au début de la zone houthie. « Dieu le Fils » reprend pied sur l'Orient, pour mettre un terme à l'incompétence des élites ‣Occidentales, égarées par leur suffisance.
Ziad énonce la vérité d'un moment de la vie politique française, parmi des Yéménites qui ne comprennent rien de ce qu'il raconte, une part de leur destin qui leur échappe. C'est moi qui ai ouvert cette frontière : ce doit être vrai puisque Ziad l'affirme, en vertu d'une conjoncture en fait mondiale, dont il a construit l'intuition de là-bas.
Hier soir à la mosquée, je relisais les sourates des deux derniers juz’, mémorisés cette année et que j’aimerais ne pas oublier. Je me suis demandé : le basculement en cours est-il de nature à fixer le texte dans ma mémoire ? Ça a été une évidence.
Par exemple Sourate 81 :
« Lorsque le soleil s’éteindra, que les étoiles s’obscurciront, que les montagnes s’ébranleront… »
Bien sûr qu’on lit différemment ces sourates mecquoises dans ces moments de basculement historique, qui sont des moments d’éveil (comme l’a été 2011 - voir mon texte Une révolution bénie).
Il n’y aura pas de guerre civile - c’est le moment de le dire pour de vrai cette fois (contrairement à 2015) - parce que les musulmans vont prendre leurs responsabilités. De cela, la réunification de Taez est déjà le signe avant-coureur. Les Français sont obnubilés ces jours-ci, ils ne comprennent pas ce qui leur arrive. Mais nous vivons précisément l’instant où ils lèvent le nez du guidon, et disent : « Oh ! ».
Ani Difranco, Grand Canyon (2003).
Samedi 15 : le bulletin de 2017
⇒ voir accueil_2024-06-15_bulletin_de_vote
Dimanche 16 : Plan local d'urbanisme
⇒ deposition-enquetepublique-ant13.pdf