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FAQ : Questions fréquemment posées
باسم الله الرحمان الرحيم.
قال تعالى :【لَّمَسْجِدٌ أُسِّسَ عَلَى التَّقْوَىٰ مِنْ أَوَّلِ يَوْمٍ أَحَقُّ أَن تَقُومَ فِيهِ ۚ فِيهِ رِجَالٌ يُحِبُّونَ أَن يَتَطَهَّرُوا ۚ وَاللَّهُ يُحِبُّ الْمُطَّهِّرِينَ】
« Il est une autre mosquée qui a été fondée dès le premier jour sur la crainte révérencielle du Seigneur, et qui est plus digne de ta présence. On y trouve des hommes qui aiment se purifier, et Dieu aime ceux qui sont propres. » (Coran 9:108 - trad. M. Chiadmi).
Qui peut venir ici ?
Cette section est accessible en lecture uniquement aux utilisateurs identifiés comme musulmans.
Elle est inaugurée le 7 avril 2023, correspondant au 16 ramadan 1444.
Les nouveaux lecteurs peuvent créer un compte de manière autonome, mais il faut ensuite que je vous inscrive dans la catégorie « frères (ou soeurs) ». M’écrire un mail en m’indiquant la mosquée que vous fréquentez, et comment vous avez eu connaissance du site.
De quoi est-il question ?
Sur les différentes questions qui préoccupent la communauté musulmane, je propose l’éclairage spécifique d’un anthropologue-musulman* (voir définitions du glossaire), notamment :
- le monde contemporain : évolution de la société française, évolution du Moyen-Orient
- l’histoire du monde dans la longue durée : histoire de l’Europe*, compréhension transhistorique du fait culturel monothéiste ;
- les rapports entre islam et sciences sociales, entre islam et la science en général ;
- l’épistémologie*, c’est-à-dire la théorie de la connaissance et de l’apprentissage.
Pourquoi un espace propre ?
C’est une chose différente de m’exprimer en tant qu’anthropologue et en tant que croyant.
- En tant qu’anthropologue, je dois faire comprendre une culture ou une situation étrangère, en utilisant toutes les ressources de l’écriture. Et pour cela, je peux aller jusqu’à me déshabiller. Il faut de la honte et de la pudeur sur le terrain - elles ont joué un rôle déterminant dans mon enquête - par contre la honte n’est plus concevable au moment de l’analyse : c’est une démarche objectiviste*.
- En tant que croyant au contraire, je crois aux vertus épistémiques* de la pudeur : pas seulement dans les relations sociales, aussi dans la recherche de la vérité. Car je crois en al-ghayb, l’invisible indicible, qui est néanmoins présent, et dont on peut à obtenir la grâce en renonçant à le dire.
Dans les deux il y a une forme de sincérité, dans l’entreprise scientifique comme dans l’action du croyant. C’est important de le reconnaître, car nous vivons tous immergés dans la société française, une société où l’objectivisme domine, avec laquelle il nous faut composer. Mon travail est précisément de circuler entre les deux, comme vous pouvez le faire entre les deux espaces de ce wiki.
Pourquoi seulement maintenant ?
Je me suis converti en 2007 alors que j’étais en thèse d’anthropologie, au début de ma troisième année. Il n’était pas question de renoncer à cette thèse : cela aurait signifié que l’islam n’existait que là-bas, cela aurait été renoncer à être musulman dans mon propre pays. Mais la communauté musulmane, ce n’était pas son problème. J'étais extrêmement privilégié à l'époque : payé à faire ma thèse, fonctionnaire depuis l'âge de vingt ans… Je savais que nous ne vivions pas vraiment dans le même pays.
Après mon échec je me suis installé à Sète (2014-2022), autant pour comprendre la France que pour comprendre mes frères en religion. Mais je crois qu’à leurs yeux à tous, j’étais surtout un Parisien, quelqu’un qui finirait par repartir - et de fait, je suis maintenant de retour en région parisienne. Je ne me suis jamais exprimé dans une mosquée jusque là. Ce que j’ai à exprimer exige de la stabilité.
Autre raison : une partie de mon histoire était retenue en otage par le Régime° yéménite, et ce jusqu’en décembre 2017. Si je m’étais enfermé plus tôt dans une signature de croyant, je n’aurais pu aller la chercher par l’écriture.
À présent, je suis revenu dans la ville où j’ai grandi, l’histoire est sur la table, toutes les conditions sont réunies.
Pourquoi ramener les sciences sociales dans l’islam ?
Ah oui! Quelle chose étrange que mes amis yéménites ne m'aient pas dit : « Laisse tout tomber, viens t'installer ici avec nous… »
Mais sur le fond, mon but est plutôt de les en sortir…
Nous vivons dans un monde où depuis près d’un siècle, les sciences sociales sont la règle du jeu. Car le fameux « Droit des peuples à disposer d’eux-mêmes » n’a jamais donné à l’islam un chèque en blanc : seulement à la condition de se constituer comme peuple. Donc les sciences sociales sont partout : dans les luttes décoloniales, dans les projets nationalistes, jusque dans les utopies vendues par les partis islamistes.
Une solution est celle de Daech : couper la tête des sociologues et des journalistes. Moi je me suis coupé la tête moi-même, de manière préventive…
Blague à part : les sciences sociales relèvent effectivement d’une forme de shirk* (idolâtrie), mais les musulmans ne sont pas les seuls à s’en être rendus compte. Il y a d’autres traditions, d’autres mots, une profondeur historique à mobiliser.
Les Français ont beau se croire déchristianisés, n’ayant plus de comptes à rendre avec le monothéisme, les musulmans ne peuvent pas les traiter comme tels, sauf à perdre leur âme eux-mêmes.
Veux-tu faire une « mosquée inclusive » ?
Quelques années avant ma conversion, peu après le démarrage de mon enquête au Yémen, j’ai fait le choix d’être homosexuel. Puis j’ai fait le choix d’être musulman, et aujourd’hui je ne suis plus du tout homosexuel.1) Donc que les choses soient claires : je ne crois pas du tout qu’on puisse se revendiquer à la fois musulman et homosexuel. Pour moi c’est inconcevable, et ma position sur les soi-disant « mosquées inclusives » est sans ambiguïté (voir la page islam et homosexualité, dans la section Valoriser).
Par contre dans mon cheminement vers l’islam, l’homosexualité a joué un rôle crucial, pour une raison très simple : je voulais regarder en face les inégalités Nord-Sud, c’était mon engagement à la base (influence de la gauche tiers-mondiste, héritée de la génération de mon père), mais j’ai réalisé que je ne pouvais pas, dès mon premier séjour de terrain, je n’en avais absolument pas les moyens. C’est d’avoir assumé de subir un rapport homosexuel, et que eux assument de m’avoir acculé à ça, c’est cette situation tacite qui m’a permis de comprendre : c’est à travers elle qu’Allah m’a guidé.
Vingt années se sont écoulées depuis cette affaire, quinze années depuis ma conversion, mais je ne m’assiérai pas sur la dette qui me lie à cette société et à ces gens. Et je reste choqué que des musulmans qui vivent dans le confort des pays occidentaux, des personnes diplômées, qui savent parfaitement comprendre les institutions et les sciences sociales quand ça les arrange, ne fassent pas l’effort intellectuel de comprendre cette situation.
Je suis bien conscient que les sciences sociales regorgent d’histoires analogues : des auteurs qui, après avoir éprouvé l’impasse de leurs contradictions, prennent pour religion leurs propres passions, et squattent le minbar des sciences sociales :
【أَفَرَأَيْتَ مَنِ اتَّخَذَ إِلَٰهَهُ هَوَاهُ وَأَضَلَّهُ اللَّهُ عَلَىٰ عِلْمٍ وَخَتَمَ عَلَىٰ سَمْعِهِ وَقَلْبِهِ وَجَعَلَ عَلَىٰ بَصَرِهِ غِشَاوَةً فَمَن يَهْدِيهِ مِن بَعْدِ اللَّهِ ۚ أَفَلَا تَذَكَّرُونَ】
« Que penses-tu de celui qui prend sa passion pour sa propre divinité, et que Dieu égare malgré la science qu’il a reçue, en scellant son ouïe et son cœur et en lui mettant un bandeau sur les yeux ? Qui pourra donc, en dehors de Dieu, guider cet égaré ? Y avez-vous réfléchi ? » (Coran 45:23)
Mais j’ai déjà renoncé à rédiger ma thèse, à une carrière académique toute tracée, précisément pour cette raison : parce qu’il était hors de question de gagner ma vie en « mangeant la chair de mon frère » (Coran 49:12). Or voilà qu’au sein de la communauté aussi, certains se gargarisent d’avoir l’ouïe et le cœur scellé. Le prophète ﷺ nous a dit :
« Quiconque d’entre vous voit un mal, qu’il le change avec sa main. S’il ne peut pas, avec sa langue. Et s’il ne peut pas, alors avec son cœur, et ceci constitue le plus bas degré de la foi » (hadith rapporté par Muslim).
Il faut dire la triste réalité : les musulmans ne savent même plus nommer les situations qu’ils rencontrent, afin de les réprouver en leurs cœurs. Ils vivent donc en dessous du plus bas degré de la foi, notamment en France. C’est la raison pour laquelle je me suis remis à écrire, et c’est la raison pour laquelle je n’ai pas adressé mes textes aux seuls musulmans.2)
Si pour occuper le minbar, tu dois suspecter tes frères de péchés qu’ils n’ont pas commis, alors renonce toi-aussi. Car c’est ainsi que l’islam deviendra étranger3), évoluant tendanciellement vers une sorte de pastiche, une performance culturelle. L’anthropologie te donne des clés pour comprendre. Alors ma mosquée est inclusive, oui : inclusive de la structure qui relieGB.