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fr:theologie:coran:002:146

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2:146 Connaissent le livre…

Tiré de sourate n°2 La vache  البقرة (médinoise, 286 versets).

{Ceux à qui Nous avons donné le Livre le reconnaissent comme ils reconnaissent leurs enfants. Or une partie d'entre eux cache la vérité, alors qu'ils la savent!}

⇒ Entête de Section "Méthodo"
(Mentionné également dans Ani et la gamme tempérée).
Accueil Coran

…comme ils connaissent leurs propres enfants

Quand j’enseignais les mathématiques, je parlais toujours aux enfants du « petit chien », qu’ils doivent garder auprès d’eux quand ils sont absorbés dans leurs calculs, afin que celui-ci aboie si quelque chose ne tourne pas rond. En physique, on appelle ce petit chien l’intuition*. Certains ont dit (des artistes surtout) que l’intuition consiste à garder en éveil sa part d’enfant. Mais plus les années passent, plus il me semble que l’intuition recouvre essentiellement une crainte d’Allah (taqwa). Dans ses transactions quotidiennes, le musulman s’accompagne d’un enfant : cette part de lui-même qui reste intimidée par la parole d’Allah. L’enfant grandit avec lui, et avec elle, comme entre deux parents. « Ceux à qui Nous avons donné le Livre le connaissent comme ils connaissent leurs propres enfants » : c’est ce que je comprends de ce verset - et bien sûr Allah est plus savant.

Noter que je tire un peu le sens, en utilisant ce verset isolément. Le verset s’inscrit en effet dans un passage (versets 42 à 52) entièrement consacré à la notion de qibla°, au sens littéral (l’orientation pour la prière) et métaphorique (l’orientation religieuse). C’est d’abord cette orientation que désigne le pronom « le », rappellent les commentateurs, et seulement par extension le message de Mohammed ﷺ, conçu comme une voie, un livre plus une sunna. C’est pourquoi Chiadmi traduit : « Ceux à qui Nous avons donné l’Écriture connaissent bien le Prophète, comme ils connaissent leurs propres enfants ». Au sens premier, il faut plutôt entendre « Ceux à qui nous avons donné le Livre » comme une expression syntagmatique (= un seul bloc) incluant une référence au Livre précédent, qui vont reconnaître le Livre nouvellement révélé « comme ils reconnaissent leurs enfants ». Mais dès lors qu’il s’agit du même message, pour le musulman, ce sens se réactualise comme un enseignement plus général, quant à la manière de connaître un livre sacré quel qu’il soit.

Il ne s’agit donc pas d’acquérir une intuition de la parole d’Allah, mais que cette parole prenne la place de l’intuition elle-même. Car en réalité elle la précède, dans la genèse historique de nos subjectivités.
Ces remarques touchent au cœur de ce que j’essaie de faire : ancrer la parole d’Allah sur la déroute des sciences humaines. L’ancrer sur le « ridiculement confus, ridiculement injuste » (le bread-and-butterfly de Bateson). C’est l’unique bonne raison de continuer d’écrire, et mon wiki est fait pour ça : maintenir en éveil la conscience de l’absurde.

S’ancrer sur la déroute, au lieu de prétendre armer les sciences humaines sur la Parole, et réciproquement - ce que les musulmans diplômés* essaient de faire, et ça les empêche de concevoir la dette spécifique qui me lie à Ziad en tant que musulman (alors que lui se prend pour Jésus). Dans leur monde à eux, on peut devenir musulman « comme ça » : une performativité néo-hanbalite* sous perfusion cybernétique*, qui forme l’alpha et l’oméga de la nouvelle ‘aqida°. Dans le monde réel cependant, certains doivent porter témoignage, cela requiert du travail humain. Ancrer la parole d’Allah sur l’absurde, ça ne s’apprend pas « comme ça ».

fr/theologie/coran/002/146.1758040400.txt.gz · Dernière modification : de mansour

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