Accueil 2024-03-20 Yusuf et Ulysse

À l’âge de 27 ans, alors que je me trouvais sur le terrain et que j’entamais ma troisième année de thèse, j’ai considéré qu’il était de ma responsabilité d’anthropologue de me convertir à l’islam, avant de me retirer pour rédiger (septembre 2007).
Depuis le premier jour j’avais dit aux Yéménites qu’ils se trompaient : rien ne m’empêchait d’être musulman dans mon pays, mais j’étais engagé dans une démarche de sciences sociales, je n’étais juste pas venu pour ça - est-ce qu’on pouvait parler d’autre chose ? J’avais gardé cette posture pendant toute mon enquête, mais quatre ans plus tard je ne pouvais plus en ignorer les effets. Pour en sortir par le haut, je devais en tirer les conséquences.
Je parle donc bien d’une responsabilité d’anthropologue. Ma conversion à l’islam était un acte ethnographique* lucide et mûrement réfléchi, qui n’avait rien de « privé » au sens psychologique du terme. Une responsabilité, compte-tenu de ce que j’observais de la situation à l’époque, des rapports de cette société avec l’observateur ; compte-tenu aussi de la méthodologie employée, des principes revendiqués par les sciences sociales - de leur féminisation aussi, qui n’est pas sans conséquences sur la relation d’enquête*. Compte-tenu des principes célébrés par l’État Français lui-même, concernant l’égalité des citoyens de confession musulmane, et l’universalisme de sa culture intellectuelle.

Commence alors une autre histoire, comme le retour d’Ulysse toujours retardé par les dieux : une succession de déboires ridicules, odyssée française pas vraiment glorieuse, mais de toute façon le Yémen dans la même période sombrait dans le chaos.
En décembre 2017, j'ai finalement repris l’écriture à travers ce site.
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