Ethnographie
Autrefois, l'ethnographie désignait la collecte écrite des « faits de culture », par différents types d'acteurs de terrain : érudits locaux, missionnaires ou administrateurs coloniaux. Cette conception est progressivement remise en cause, dès la révolution Malinowskienne des années 1920, qui prône l'immersion du chercheur-théoricien en personne.
Aujourd'hui, l’ethnographie désigne plutôt une démarche expérimentale, conçue pour palier l’insuffisance des sources écrites dans l’approche d’un univers social donné (ethnos), à travers l’engagement personnel du chercheur qui tient son journal (graphein).
Notons que le Yémen n'est évidemment pas une société sans écriture. Il n'a été concevable d'y exporter la méthode ethnographique qu'en vertu de la décrédibilisation terminale des traditions orientaliste et ethnologique*, mais aussi des réactions nationaliste et islamiste - fiasco incarné par les attentats du 11 septembre 2001. La démarche aboutit assez logiquement à la redécouverte du fait monothéiste*.
Autrefois cantonnée à l’étude des sociétés exotiques ou du folklore, l’ethnographie est aujourd’hui le lieu privilégié d’une réflexion sur les sciences sociales et leurs fondements empiriques.
L’adjectif « ethnographique » a donc deux sens :
- sens ancien (que je n’utilise jamais, chez les partisans de l'ethnologie) :
relatif à la description culturaliste des pratiques d’une peuplade donnée.
= l'écriture de « pratiques culturelles » situées. - sens actuel :
relatif à l’exercice réflexif* et aux conditions de possibilité d’une écriture scientifique située.
= comprendre ce que l'écriture fait aux situations.