Philosophie
La philosophie est une tradition intellectuelle qui se développe en Grèce classique, autour d’une séquence biographique étonnante, fondatrice de l’époque hellénistique :
- Socrate est un maître énigmatique d’Athènes qui pratiquait le dialogue spéculatif, et prétendait ainsi « faire accoucher les esprits ». Accusé de corrompre la jeunesse, il est condamné à boire la ciguë en l’an -399. Son activité ne nous est connue qu’indirectement.
- Platon est un disciple de Socrate, dont il couche les dialogues par écrit. Ses traités sur le beau, le politique, la vertu, développent la notion de logos. Il est le fondateur de l’Académie.
- Aristote est un élève de Platon de statut métèque (non-athénien), qui applique le logos de manière systématique aux réalités d’ici-bas, et fonde ainsi les premières disciplines : biologie, physique, politique, rhétorique, logique… Ses ouvrages resteront pendant deux millénaires - jusqu’à la révolution scientifique européenne - les références incontournables de toute activité scientifique rationnelle.
- Alexandre-le-Grand est le fils du roi de Macédoine, qui engage Aristote comme précepteur pour l’élever dans l’idée platonicienne du Philosophe roi. Alexandre réunit les cités grecques pour envahir l’empire Perse, diffuse la culture grecque en Égypte et jusqu’aux rives de l’Indus (Inde actuelle). Il meurt de maladie en -323, âgé de trente-deux ans, sans avoir mené à bien son projet de conquête de l'Arabie.
L’ère hellénistique prend fin quatre siècles plus tard avec le développement du message chrétien, synthèse du logos* et de la prédication monothéiste*, où Jésus prend peu ou prou la place de Socrate. L’activité philosophique décroit.
Sous domination arabe, la philosophie connaît une seconde jeunesse qui permet l’émergence de la raison* médiévale. Introduite en Europe, “digérée” par Thomas d’Aquin (m. 1274), elle sert de socle théologique à l’Église pendant quelques siècles, jusqu’au choc frontal avec Galilée (m. 1642) et Descartes (m. 1650), qui discrédite Aristote définitivement.
En Europe, la science s’est réorganisée autour des propositions cartésiennes. Mais on continue d’entretenir des philosophes qui lisent les auteurs grecs… ainsi que ceux qu’ils jugent compatibles : un rituel identitaire européen, qui pallie les insuffisances du dualisme* et nous permet, malgré l'ignorance de notre propre histoire, de rester en contact avec le monde.