Abdallah al-'Âïdî

Voisin un peu plus jeune que Ziad, appartenant à l'une des familles anciennement implantées, qui donne parfois son nom au quartier.

• Abdallah est un personnage de premier plan dans ma maîtrise en 2003 (extrait ci-dessous).
• En mars 2006, il intervient dans l'anecdote de ma tentative d'entretien enregistré
• Par la suite il est assez peu présent dans mon enquête, par pudeur (il est de ceux qui ont toutes les clés…).

Abdallah est un jeune homme souriant, assez discret « au premier abord ». Longtemps il reste muet en ma présence, se contentant de suivre la conversation que je mène avec Ziad ou d'autres de ses amis, des étudiants comme Fuwwaz ou Abderrahman. Abdallah me regarde sans rien dire, l'air interdit, il m'adresse juste de larges sourires, un peu à la manière d'un enfant.
Lorsque par la suite je croise Abdallah sur le rond-point, devant le magasin de Khaldun, il prend toujours un air juvénile et son regard semble pétiller d'une joie innocente mais qui n'oserait s'exprimer. Le lieu semble lui imposer une réserve qui prend la forme de la timidité.
Abdallah passe le plus clair de son temps à l'intérieur du quartier al-A’idî. Comme les autres shebab, on le croise dans la rue du Mashru’ [usine de traitement des eaux] en fin de matinée, souvent assis devant l'épicerie du quartier avec quelques amis, tandis que les plus jeunes jouent au ballon ou à la marelle. L'après-midi, c'est le plus souvent dans le Mamlaka de Ziad qu'il vient s'asseoir, pas forcément pour qater d'ailleurs, car il fait régulièrement des pauses de quelques jours sans qat. Le soir, il « traine » jusqu'à tard avec les autres sur le trottoir de la rue du Mashru', un peu au-dessus de l'épicerie.
C'est au sein de ces lieux où il a ses habitudes que l'on peut voir Abdallah plaisanter ou discuter plus à son aise, mais il reste un jeune calme et « bon enfant », qu'on voit rarement dans la surenchère, la fanfaronnade ou la provocation. C'est pourtant de lui qu'émane la première irruption de violence dont j'ai connaissance dans le quartier. Naturellement je n'assiste pas directement à l'incident - [en note :] en faisant diversion, la présence d'un étranger aurait vraisemblablement évité que la querelle initiale ne dégénère en bagarre - seulement à une partie des procédures et des discussions qu'elle occasionne et qui sont nombreuses, car l'affaire est grave~: de l'avis de tous, on a frôlé le drame… »

(Le “Za’im” et les frères du quartier. Une ethnographie du vide, section 10.1 - accès direct p.67)