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(Teaser de l'exposition)

Taez.fr est un projet scénographique proposant au public français une expérience immersive dans la ville de Taez au Yémen, plus spécifiquement dans le quartier central de Hawdh al-Ashraf, tel qu'il existait dans les années 2000.

Entrée orientale de la ville devenue la “gare centrale” de Taez, c'est à l'origine une halte pour les caravanes à l'extérieur des murs, dotée d'un abreuvoir (hawdh) construit par le roi rassoulide al-Ashraf (1377-1400). De 1948 à 1962, l'imam Ahmed refait de Taez la Capitale du Yémen, pour mieux contrer l'influence britannique venue d'Aden, et le Hawdh devient le quartier mythique d'une première modernité yéménite. La jeune République en fait sa capitale culturelle, à partir de 1962, mais la ville perd de son éclat dans les années 1980, au profit de la Capitale Sanaa. Les Taezis restaient pourtant attachés au carrefour de Hawdh al-Ashraf, noyé dans les embouteillages et un peu décrépit. À toute heure du jour et de la nuit, les cafés y restaient ouverts, fréquentés des travailleurs journaliers, citadins insomniaques, étudiants et voyageurs…

Des images filmées en 2008, postées sur Youtube en 2018,
et qui me reviennent par Whatsapp en 2020, montées sur une musique nostalgique.

Et en 2011 Taez se soulève, prenant symboliquement la tête du Printemps Yéménite. Et en mars 2015 lorsque la guerre éclate, les armées convergent : une ville qu’aucune des deux parties ne peut se permettre de perdre mais qu’aucune ne veut vraiment gagner (pour ne pas s’encombrer de ses aspirations démocratiques). Depuis, l'entrée de Taez est une zone minée gardée par des snippers, le seul point fixe de la ligne de front. Au Hawdh al-Ashraf, la vie s'est arrêtée.

« Nos envoyés spéciaux vous emmènent à Taez, au plus près des milices et des combattants d'Al-Qaida. »
(compte Facebook du Monde, le 1er août 2017).

Pourtant, il ne cessera jamais d'être vivant dans mon coeur, ce quartier où j'ai fait mes premiers pas d'anthropologue (2003), et dont je me suis attelé ensuite à comprendre la complexité. Ce quartier auquel j'ai ramené toutes mes lectures, et que depuis la France j'ai parcouru inlassablement par la pensée, entre mes voyages, pour m'y confronter de nouveau chaque année. Attaché à ce lieu par un intime secret, dont le sens ultime se dérobait toujours, j'ai fini par reconstruire le monde. En novembre 2010, je quittais Taez pour la dernière fois, radicalement transformé par sept années d'une pratique ethnographique fondée sur la pudeur.

Extrait du documentaire « Yémen, le chaos et le silence »
de François Xavier-Trégan (Arte 2017, disponible en VOD).

Une décennie plus tard, Taez ne nous est plus accessible. Atteinte par le cataclysme mais ayant survécu, Taez aujourd'hui nous échappe. Serait-elle porteuse d'autres perspectives pour la décennie qui s'ouvre? Nous ne le saurons qu'en replongeant en nous-mêmes vers le Hawdh des années 2000, juste avant le soulèvement.

Vincent Planel, le 13 janvier 2022.
(site anthropologue)

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(Production)

fr/valoriser/teaser.txt · Dernière modification : 2022/03/16 14:30 de mansour

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