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| fr:glossaire:ethnologie [2023/09/14 12:48] – créée mansour | fr:glossaire:ethnologie [2024/07/22 14:42] (Version actuelle) – mansour |
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| ====== Ethnologie ====== | ====== Ethnologie ====== |
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| La division du travail scientifique, telle que la concevait Claude Levi-Strauss (1908-2009) au milieu du XXe siècle, opposait encore : | Les mots //ethnologie// et //anthropologie// sont des synonymes, qui désignent couramment la même discipline universitaire.\\ Avec une nuance subtile cependant : |
| * l'**« ethnographie »[[ethnographie|*]]**, c'est-à-dire la collecte des données par différents types d'acteurs de terrain (surtout missionnaires ou administrateurs coloniaux), | * //Anthropos// en grec ancien (Άνθρωπος) désigne l'homme dans son universalité. |
| * à **« l'anthropologie »[[anthropologie|*]]**, c'est-à-dire la synthèse savante effectuée depuis Paris par un universitaire, philosophe de formation. | * //Ethnos// (ἔθνος, qui donne //ethnie//), désigne plutôt l'homme dans son appartenance spécifique à un groupe humain situé. |
| * Dans cette optique, **« l'ethnologie »** était une étape intermédiaire, synthèse des données à l'échelle d'une aire culturelle donnée. | |
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| Cette conception de la discipline a été largement remise en cause par la Décolonisation et le //linguistic turn// : même le sens des mots a évolué <wrap lo>(voir entrées correspondantes du glossaire)</wrap>.\\ | Dans le contexte français, le mot //ethnologie// a donc une connotation culturaliste. Il est utilisé par des chercheurs et des laboratoires qui veulent souligner l'importance de l'érudition par aires culturelles, contre une conception plus « politique », centrée sur les enjeux sociaux et l'engagement réflexif du chercheur, de plus en plus à la mode.\\ |
| L'usage du terme « ethnologie » perdure cependant, généralement associé à la défense d'un pré-carré universitaire, en tant que discipline autonome au sein des sciences sociales. Je ne me suis jamais inscrit dans ce courant théorique culturaliste, qui me paraît franchement problématique concernant les « pays d'Islam » <wrap lo>- voir l'entrée **« anthropologie de l'islam »[[anthropologie de l'islam|*]]**</wrap>. | => Typiquement, l'ethnologie est revendiquée par les départements universitaires qui doivent défendre l'existence d'un cursus spécifique face aux disciplines concurrentes (sociologie, histoire, sciences politiques, géographie…). À l'inverse dans les institutions transdisciplinaires (EHESS, ENS), on se réclame plutôt des sciences sociales et de l'ethnographie[[ethnographie|*]]. Quant au mot //anthropologie//[[fr:glossaire:anthropologie|*]], on le laisse au Collège de France car le mot impressionne (il suggère une exigence philosophique qui n'a plus vraiment cours…). |
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| | <WRAP centeralign>__La division hiérarchique du travail scientifique__, selon Claude Levi-Strauss\\ (encore défendue en France dans les premières décennies d'après-guerre)</WRAP> |
| | **1- [[ethnographie|L'ethnographie]][[fr:glossaire:ethnographie|*]]** : la collecte des « faits de culture » ;\\ |
| | **2- L'ethnologie** : synthèse des données à l'échelle d'une aire culturelle ;\\ |
| | **3- [[anthropologie|L'anthropologie]][[anthropologie|*]]** : synthèse plus générale effectuée depuis Paris par un universitaire, généralement philosophe de formation.\\ |
| | Cette conception n'est vraiment remise en cause en France qu'après l'essoufflement du paradigme structuraliste, avec l'essor des critiques féministes et postmodernes (//linguistic turn//), étroitement liées aux Décolonisations. Elle reste cependant défendue par les partisans de l'ethnologie.</WRAP> |
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| | Concernant ma propre démarche, au départ j'avais clairement choisi mon camps : contre une conception « ethnologique » de la discipline (Nanterre, Aix-en-Provence), et pour une conception plus « politique » (ENS, EHESS), ce dont le choix de Taez découlait directement. Aujourd'hui j'ai plus de respect et d'intérêt pour ces approches, du fait de mes déboires avec ce que j'ai appelé ironiquement « l'anthropologie de l'islam »[[fr:glossaire:anthropologie_de_l_islam|*]]. |
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| | Soulignons l'existence d'une //**dimension ethnologique des sciences islamiques**//, depuis l'origine : inhérente à la fascination des élites abbassides pour l'Arabie tribale, et dont l'érudition orientaliste constitue le prolongement. Là encore, l'antidote réside dans l'épistémologie[[fr:glossaire:epistemologie|*]] et les sciences sociales, pas dans la pensée dite « décoloniale »[[fr:glossaire:decolonial|*]], ou dans un délire de persécution généralisé. |
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