📖 2024:04:11 La Table / Les Bestiaux

— Vincent Planel 2024/04/12 09:04
J'utilise maintenant cette arborescence comme carnet (avec un « z » minuscule)

Lettre sensorielle de Ziad, le Messie roi d’IsraĂ«l, entre maghreb et ‘isha. Relisant toujours le mĂȘme passage (deux derniĂšres pages de la Table, trois ou quatre premiĂšres pages des Bestiaux). Il se passe une chose Ă©trange en termes d’identification. À savoir que j’étais venu chercher un texte inventĂ© par Ziad, conformĂ©ment aux termes de ma dĂ©claration de foi, un texte qui aurait Ă©tĂ© Ă©crit par lui. Or il se passe cette chose Ă©trange que je suis plutĂŽt renvoyĂ© Ă  moi-mĂȘme en train de recevoir ce texte, en train de recevoir ces posts auxquels je veux donner sens, et que je dois pour cela rĂ©inventer en mĂȘme temps que je les lis, les accueillir dans une lecture active. Ziad lui-mĂȘme est finalement un peu cachĂ©, derriĂšre les marqueurs du discours rapportĂ© (« Et quand Dieu dit Ă  JĂ©sus  » dans La Table ; « Dis
 Dis  » dans Les Bestiaux). Et je me vois surtout moi-mĂȘme, finalement, recevant cette parole et ne sachant pas vraiment qu’en faire.

C’est-Ă -dire que l’identification ne prend pas, telle que je la posais hier aprĂšs-midi : je ne vois pas Ziad Ă  la place de Mohammed qui se prend pour Dieu. Je vois Ziad comme une sorte de marchepied, un mĂ©diateur dont la place est dĂ©jĂ  prĂ©vue par le texte, comme narrateur (« Et quand Dieu dit Ă  JĂ©sus  ») et comme instructeur (« Dis
 Dis  »), mais qui s’efface immĂ©diatement, me laissant aux prises avec le drame essentiel, ce face-Ă -face entre Dieu et le ProphĂšte ï·ș, qui me renvoie finalement Ă  moi. Disons que Ziad s’identifie au texte, qui est lui-mĂȘme transparent. L’identification prend, mais elle dĂ©bouche tout de suite sur autre chose.

Ce passage de la Table demandĂ©e par les disciples (5:112), je l’ai dĂ©jĂ  Ă©voquĂ© l’annĂ©e derniĂšre en fait, dans un post que je viens d’exhumer, intitulĂ© La Table servie : islam, diffĂ©rence des sexes et damnation de la modernitĂ© (j’ouvre l’accĂšs en lecture, Ă  l’origine seulement pour la communautĂ©). C’est rigolo de me dire qu’à cette Ă©poque, Ziad Ă©crivait dĂ©jĂ , parallĂšlement.
En apparence il y a un croisement entre le JĂ©sus de ce passage, qui reconnaĂźt humblement son humanitĂ©, et le JĂ©sus qu’incarne Ziad, qui rĂ©clame au contraire que l’on se prosterne et qui se dit Fils de Dieu. Tout se passe comme si Ziad prenait l’exact contre-pieds de ce passage - mais cette possibilitĂ© latente existe dans la tradition musulmane, qui envisage bel et bien le retour de JĂ©sus. JĂ©sus (Ziad) revient corriger les YĂ©mĂ©nites, comme le Coran est venu corriger les Enfants d’IsraĂ«l, Ă  peu prĂšs dans les mĂȘmes termes. De JĂ©sus au Coran, le passage de flambeau est rĂ©versible : il y a toujours la possibilitĂ©, chez un lecteur pĂ©nĂ©trĂ© de toute cette affaire, que le Coran s’incarne de nouveau en JĂ©sus. Mohammed assiste Ă  tout cela assez impuissant, ça le dĂ©passe
 Oui je m’identifie.

Concernant les Bestiaux, je suis frappĂ© par le glissement au verset 6:19 : le qul (« Dis ») de ce narrateur adressĂ© Ă  Mohammed ï·ș, se transforme insensiblement en un qul de Mohammed Ă  ses interlocuteurs. Les positions discursives circulent : c’est ce que je suis en train de redĂ©couvrir, ce que verrouillait la situation de l’islam minoritaire. Et il n’y a qu’en les laissant circuler que le croyant peut Ă©ventuellement connaĂźtre le texte comme son fils (verset suivant, 6:20).

Wallahu a’lam, sur tout ce que j’ai Ă©crit aujourd’hui.