Kh-n-th (intersexuation)

= Entrée des termes arabes.
Voir aussi l'entrée du glossaire et le sommaire intersexuation Sommaire intersexuation

Une parole rapportée de Aïcha, l’épouse du Prophète, raconte l’instant de son dernier soupir : « Alors, il s’est intersexuéfv7 entre mes bras… ».
Le mot arabe inkhanatha (7ème forme verbale dérivée de la racine trilitère kh-n-th) exprime la manière dont le corps se ramollit soudain, perd sa tonicité vitale, et tombe ainsi dans l’intersexuation.

Le mot khunthâ (forme nominale simple de la même racine trilitère) est la traduction arabe usuelle du concept d’intersexuation, développé par la médecine européenne vers la fin du XIXe siècle : scientifiquement, on parle d’intersexuation lorsque les caractères sexuels biologiques d’un individu - ses organes génitaux et ses gonades (testicules/ovaires), ses chromosomes et ses taux d’hormones… - présentent une configuration statistiquement atypique, qui empêche son classement univoque dans l’un des deux sexes.
Mais au XXIe siècle, le débat public se focalise plutôt sur le « respect des personnes intersexuées ». Le mot intersexuation a perdu sa connotation médicale, pour acquérir une richesse de significations éthiques et philosophiques, liées au refus du binarisme sexuel.
Dans ce contexte les groupes militants arabes, par adhésion idéologique à l’Occident (ou peut-être par paresse intellectuelle), avancent des traductions imitant le fonctionnement des langues latines telles que thanâ’iyyat al-jins (ثنائية الجنس) - littéralement « dualité du sexe », expression forgée sur le modèle d'inter-sexuation. Mais la racine arabe kh-n-th exprime déjà l’intersexuation pour elle-même, sans le binarisme de la construction latine. Pourquoi ne pas reprendre le mot arabe khunthâ, puisqu’il s’agit de retourner le stigmate, de réhabiliter une notion d’honneur et de respect ?

⇒ Afin de restituer la cohérence sémantique de la racine arabe trilitère (kh-n-th), l’ensemble des termes dérivés seront traduits en français par le mot intersexuation (voir glossaire), surmonté d’un lien en exposant, indiquant la forme verbale considérée.

Intersexuation, en lieu et place des notions disparates qu’on utilise d’habitude : féminisation, efféminement, mollesse, homosexualité, hermaphrodisme, inversion, pénétration, débauche, prostitution, corruption, désordre…

Si mon enquête avait traité des questions de mœurs ou de sexualité, ces distinctions auraient été indispensables. Mais ma réflexion n’a jamais porté que sur le statut de l’observateur : en quoi la catégorie indigène* de makhnâtha pouvait-elle s'appliquer à mon comportement ? Dans quelles circonstances y avais-je été assigné ? L’intersexuation m’intéressait en tant que place occupée par l’ethnographe*, synonyme de honte mais aussi de fierté, dans un système catégoriel dont il s’agissait de comprendre la logique, plutôt que de le condamner par avance.