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fr:valoriser:academia:cumul_des_vulgarites

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Le cumul des vulgarités

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Le principe d'incertitude de Heisenberg pose une limite fondamentale à la précision atteignable dans la connaissance de l'état d'une particule quantique : position x et vitesse p ne peuvent être déterminées simultanément ; accroître la précision sur la position augmente nécessairement l'incertitude sur la vitesse, et vice-et-versa.

Revenant sur mon interaction avec Ludovic-Mohamed Zahed, je me fais cette remarque beaucoup plus générale : les sciences sociales gagneraient à se doter d'une sorte d'“inégalité d'Heisenberg”, posant une limite sur le cumul des vulgarités :

  • Pour que la sociologie soit une science, il faut d'une part qu'elle puisse parler de tout - y compris des questions de genre et de sexualité ;
  • Mais il faut aussi, d'autre part, que toutes les prises de parole sur le monde social puissent être reçues, correctement interprétées, et prises en considération - quand bien même leur formulation manquerait de rigueur intellectuelle.

Il y a là deux conditions indispensables, pour une sociologie conceptuellement inventive, et néanmoins à l'écoute de ses contemporains. Mais les sociologues de notre époque, semble-t-il, n'ont pas réalisé que ces deux exigences étaient en partie inconciliables. Lorsque la vulgarité langagière se cumule à la vulgarité intellectuelle, la sociologie devient une sorte de culte idolâtre, où un petit milieu s'auto-entretient dans l'évocation de ses propres “enjeux fondamentaux”, qui n'ont pas d'existence réelle pour les autres.

Dans la société française actuelle, les débats sur le “genre” cristallisent cette contradiction, et ce pour des raisons fondamentales - à savoir que le sexe ou le “genre” n'est pas qu'une qualité des personnes, il est aussi un nœud incontournable de l'épistémologie humaine - en fait de toute épistémologie biologique1).

Donc je propose une formule du type :
Vulgarité explicite x Vulgarité intellectuelle ≤ ħ/2
- voir également mon billet Démence singulière (2016)

Remarque : Ce dilemme est bien connu dans l'islam, qui affirme simultanément :

  • “la pudeur fait partie de la foi” (الحياء من الإيمان)
  • “il n'y a pas de pudeur en religion” (لا حياء في الدين).

Bien évidemment, la contradiction n'est qu'apparente : la pudeur est indispensable, et en même temps elle ne doit pas empêcher le questionnement et l'instruction. Sur cette question cruciale pour notre propos, voir cette fatwa du cheikh Bin Baz (autorité de l'orthodoxie sunnite).

1)
Comme les « études de genre » ont considérablement obscurci ces enjeux - et qu'elles ne m'ont jamais rendu l'attention que je leur ai porté - je préfère renvoyer le lecteur à Bateson : dans La nature et la pensée, chapitre 3 “versions multiples du monde”, section 7 “le cas des deux sexes”, pp. 84-86.
fr/valoriser/academia/cumul_des_vulgarites.1644489977.txt.gz · Dernière modification : 2022/02/10 11:46 de mansour

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