| Les deux révisions précédentesRévision précédente | |
| fr:glossaire:ethnologie [2024/07/22 12:41] – mansour | fr:glossaire:ethnologie [2024/07/22 14:42] (Version actuelle) – mansour |
|---|
| ====== Ethnologie ====== | ====== Ethnologie ====== |
| |
| Les mots //ethnologie// et //anthropologie// sont des synonymes, qui désignent couramment la même discipline universitaire, avec une nuance subtile : | Les mots //ethnologie// et //anthropologie// sont des synonymes, qui désignent couramment la même discipline universitaire.\\ Avec une nuance subtile cependant : |
| * //Anthropos// en grec ancien (Άνθρωπος) désigne l'homme dans son universalité. | * //Anthropos// en grec ancien (Άνθρωπος) désigne l'homme dans son universalité. |
| * //Ethnos// (ἔθνος), qui donne //ethnie//, désigne plutôt l'homme dans son appartenance spécifique à un groupe humain situé. | * //Ethnos// (ἔθνος, qui donne //ethnie//), désigne plutôt l'homme dans son appartenance spécifique à un groupe humain situé. |
| |
| Dans le contexte français, le mot //ethnologie// a donc une connotation culturaliste. Il est utilisé par des chercheurs et des laboratoires qui veulent souligner l'importance de l'érudition par aires culturelles, contre une conception plus « politique », centrée sur les enjeux sociaux et l'engagement réflexif du chercheur, de plus en plus à la mode.\\ | Dans le contexte français, le mot //ethnologie// a donc une connotation culturaliste. Il est utilisé par des chercheurs et des laboratoires qui veulent souligner l'importance de l'érudition par aires culturelles, contre une conception plus « politique », centrée sur les enjeux sociaux et l'engagement réflexif du chercheur, de plus en plus à la mode.\\ |
| => Typiquement, l'ethnologie est revendiquée par les départements universitaires qui doivent défendre l'existence d'un cursus spécifique face aux disciplines concurrentes (sociologie, histoire, sciences politiques, géographie…). À l'inverse dans les institutions transdisciplinaires (EHESS, ENS), on se réclame plutôt des sciences sociales et de l'ethnographie[[ethnographie|*]]. Quant au mot //anthropologie//[[fr:glossaire:anthropologie|*]], on le laisse au Collège de France car le mot impressionne, suggère une exigence philosophique qui n'a plus vraiment cours… | => Typiquement, l'ethnologie est revendiquée par les départements universitaires qui doivent défendre l'existence d'un cursus spécifique face aux disciplines concurrentes (sociologie, histoire, sciences politiques, géographie…). À l'inverse dans les institutions transdisciplinaires (EHESS, ENS), on se réclame plutôt des sciences sociales et de l'ethnographie[[ethnographie|*]]. Quant au mot //anthropologie//[[fr:glossaire:anthropologie|*]], on le laisse au Collège de France car le mot impressionne (il suggère une exigence philosophique qui n'a plus vraiment cours…). |
| |
| <WRAP box lo> | <WRAP box lo> |
| <WRAP centeralign>__La division hiérarchique du travail scientifique__, selon Claude Levi-Strauss\\ (encore défendue en France dans les premières décennies d'après-guerre)</WRAP> | <WRAP centeralign>__La division hiérarchique du travail scientifique__, selon Claude Levi-Strauss\\ (encore défendue en France dans les premières décennies d'après-guerre)</WRAP> |
| **1- L'ethnographie[[fr:glossaire:ethnographie|*]]** : la collecte des « faits de culture » (voir entrée du glossaire) ;\\ | **1- [[ethnographie|L'ethnographie]][[fr:glossaire:ethnographie|*]]** : la collecte des « faits de culture » ;\\ |
| **2- L'ethnologie** : synthèse des données à l'échelle d'une aire culturelle ;\\ | **2- L'ethnologie** : synthèse des données à l'échelle d'une aire culturelle ;\\ |
| **3- L'anthropologie[[anthropologie|*]]** : synthèse plus générale effectuée depuis Paris par un universitaire, généralement philosophe de formation.\\ | **3- [[anthropologie|L'anthropologie]][[anthropologie|*]]** : synthèse plus générale effectuée depuis Paris par un universitaire, généralement philosophe de formation.\\ |
| Cette conception n'est vraiment remise en cause en France qu'après l'essoufflement du paradigme structuraliste, avec l'essor des critiques féministes et postmodernes (//linguistic turn//), étroitement liées aux Décolonisations. Elle reste cependant défendue par les partisans de l'ethnologie.</WRAP> | Cette conception n'est vraiment remise en cause en France qu'après l'essoufflement du paradigme structuraliste, avec l'essor des critiques féministes et postmodernes (//linguistic turn//), étroitement liées aux Décolonisations. Elle reste cependant défendue par les partisans de l'ethnologie.</WRAP> |
| |
| Concernant ma propre démarche, au départ j'avais clairement choisi mon camps : contre une conception « ethnologique » de la discipline (Nanterre, Aix-en-Provence), et pour une conception plus « politique » (ENS, EHESS), ce dont le choix de Taez découlait directement. J'ai plus de tolérance et de respect aujourd'hui pour ces approches, du fait de mes déboires avec ce que j'ai appelé ironiquement « l'anthropologie de l'islam »[[fr:glossaire:anthropologie_de_l_islam|*]]. | Concernant ma propre démarche, au départ j'avais clairement choisi mon camps : contre une conception « ethnologique » de la discipline (Nanterre, Aix-en-Provence), et pour une conception plus « politique » (ENS, EHESS), ce dont le choix de Taez découlait directement. Aujourd'hui j'ai plus de respect et d'intérêt pour ces approches, du fait de mes déboires avec ce que j'ai appelé ironiquement « l'anthropologie de l'islam »[[fr:glossaire:anthropologie_de_l_islam|*]]. |
| |
| Soulignons l'existence d'une //**dimension ethnologique** des sciences islamiques elles-mêmes//, depuis l'origine : inhérente à la fascination des élites abbassides pour l'Arabie tribale, et dont l'érudition orientaliste constitue le prolongement. Là encore, l'antidote réside dans l'épistémologie[[fr:glossaire:epistemologie|*]] et les sciences sociales, pas dans la pensée dite « décoloniale »[[fr:glossaire:decolonial|*]], ou dans un délire de persécution généralisé. | Soulignons l'existence d'une //**dimension ethnologique des sciences islamiques**//, depuis l'origine : inhérente à la fascination des élites abbassides pour l'Arabie tribale, et dont l'érudition orientaliste constitue le prolongement. Là encore, l'antidote réside dans l'épistémologie[[fr:glossaire:epistemologie|*]] et les sciences sociales, pas dans la pensée dite « décoloniale »[[fr:glossaire:decolonial|*]], ou dans un délire de persécution généralisé. |
| |
| <WRAP rightalign lo> | <WRAP rightalign lo> |
