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fr:comprendre:textes:academia:maitrise:theorie_du_za_im

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 ====== La théorie du Za’îm ====== ====== La théorie du Za’îm ======
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 ===== Définition relationnelle (partie 13) ===== ===== Définition relationnelle (partie 13) =====
  
-Extrait de la partie 13, « Sous l'hospitalité de Ziad » ({{fr:comprendre:textes:academia:maitrise-zaim.pdf#page=96|accès direct pp.94-96}}).  +=> Déplacé dans : [[fr:zaim:transfuge|Le Za’îm comme « transfuge de classe »]]
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-> Contrairement à ce que semble augurer cette première tentative de collaboration, Ziad s'avère un interlocuteur extraordinaire. Les échanges avec Ziad sont absolument passionnants car nous partageons une certaine approche de la discussion, qu'on peut qualifier d'approche “intellectuelle” celle qui envisage les questions pour elles-mêmes, indépendamment, par exemple, de leurs implications morales ou pratiques. +
-> Pour moi, c'est une opportunité inespérée de “confronter” purement et simplement mon point de vue à celui d'un musulman yéménite, au-delà des différences culturelles, et ce malgré la rusticité de mon arabe. Pour un ethnologue arrivé au Yémen depuis un mois et qui a commencé à faire l'expérience de l'opacité du réel, ces discussions sont absolument grisantes, en ce qu'elles me donnent soudainement accès à un “point de vue” indigène, au prix d'un simple effort de discussion. +
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-> {{anchor:conceptualisationZZ}}On touche là au danger que pointe Bourdieu en parlant du biais “intellectualiste”, qui consiste à prendre les théories élaborées par les indigènes[[fr:glossaire#indigene|*]] pour la vérité de leur pratique. Néanmoins cette élaboration intellectuelle, si elle ne livre pas la clé d'un fonctionnement sociologique réel, constitue un objet absolument passionnant. C'est au cours de ces discussions que j'ai notamment accès à la conceptualisation par Ziad de la figure du Za’im. +
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-> Dès ce premier jour, Ziad m’apparaît comme une sorte de surdoué, isolé parmi des amis qui, il me le dit lui-même, « ne le comprennent pas ».\\ En fait, on comprend à la lumière de cette étude que l’investissement intellectuel représente pour Ziad une manière d’échapper à sa condition sociale, alors que sa famille est dépourvue de ressources financières conséquentes et qu’il a décidé de rompre avec la poursuite d’un prestige local fondé sur la violence. +
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-> L’Occidental que je suis ignore tout de ce passé violent… et puis je ne fais absolument pas attention à sa condition sociale : dès le premier soir, j’accepte spontanément de dormir dans cette pièce poussiéreuse peuplée de chats de gouttière et d’utiliser les toilettes grouillantes de vermine qui servent aux ouvriers du garage d’en face. Tout ce qui m’intéresse, c’est de poursuivre avec lui ces discussions interminables où il m’explique la vérité de l’Islam ! En somme je valorise précisément les critères d’ascension sociale sur lesquelles il a misé, ignorant délibérément (ou presque…) ceux qui font sa condition objective. Dès ces premiers moments je lui renvoie l’image de ce qu’il aspire à être, en particulier parce que je prend au sérieux son ambition intellectuelle. D’ailleurs Ziad se fait un honneur d’être le seul qui comprend ce que je raconte… +
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->A posteriori, on aperçoit clairement les conditions sociales qui ont rendu possible « l’apesanteur polémique » qui me semblait si miraculeuse : elles sont le produit des dispositions objectives de Ziad, qui n’a rien à gagner à opposer une fin de non recevoir aux considérations de « l’incroyant » (//kafir//) que je suis. Ziad s’absorbe totalement dans nos discussions politiques et philosophiques, avec un enthousiasme qui est lié selon moi au fait qu’elles constituent un champ de réflexion qui le soustrait à sa condition.\\ Il faut aussi saisir le caractère exceptionnel qu’a la présence d’un Occidental dans le quartier (il n’y a pas plus d’une dizaine d’Occidentaux à Ta’izz). A travers moi, Ziad a l’opportunité de dialoguer directement avec l’Occident et d’être celui qui représente, à sa manière, l’Islam. L’alliance avec l’étranger est donc facteur de prestige, surtout peut-être à ses propres yeux : localement on le soupçonne toujours de vouloir « m’arnaquer » (//ia’rat//)… mais les enjeux qui lui importent se trouvent bien au-delà, il s’agit de sauver la //Umma//, de sortir le monde musulman de la corruption et de « l’erreur » (//ghalat//). +
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-> Ziad « m’adore », il exprime sans cesse son affection pour moi avec une franchise extrêmement déconcertante. De mon coté, je vis cette rencontre avec une grande excitation doublée d’un profond malaise. +
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-Le suite de cette partie, la dernière du mémoire, raconte l’effondrement de cette alliance au cours des semaines suivantes. Effondrement dont découle mon rapprochement avec un cousin de Ziad plus « raisonnable », dans la Capitale Sanaa, qui m’aidera à sociologiser toute cette affaire. +
- +
-Ce que j’appelle ici « la condition sociale de Ziad », n’est rien d’autre que le regard porté par [[fr:comprendre:personnes:waddah|Waddah]] sur son cousin, et plus largement sur cette branche de la famille, les petits-enfants de [[fr:comprendre:contextes:maryam +
-|Maryam]] : //« l’investissement intellectuel représente pour Ziad une manière d’échapper à sa condition sociale, alors que sa famille est dépourvue de ressources financières conséquentes et qu’il a décidé de rompre avec la poursuite d’un prestige local fondé sur la violence. »// En fait c’est une histoire de famille ! C’est seulement par comparaison avec l’autre branche que Ziad est dépourvu de ressources financières. Quant à la violence, c’est là encore un point de vue interne, lié au patrimoine foncier que se disputent les deux branches : l’intrusion du père de Ziad dans les affaires de sa belle-famille est vécue d’un côté comme une « violence », de l’autre comme un rééquilibrage nécessaire.[{{ :fr:comprendre:images:schemas:rondsrb-400px.png?nolink&200|Entre les deux espaces de ma première enquête, le quartier et le carrefour, j’ai inféré l’existence d’un antagonisme de classe. Qu’en est-il vraiment ?}}La « condition sociale de Ziad », je n’ai évidemment pas les moyens de l’énoncer à ce stade, au terme d’une immersion de seulement trois mois, qui m’en a fait voir de toutes les couleurs… Je n’ai fait qu’appliquer un schéma binaire et dualiste[[fr:glossaire#dualisme|*]] : les établis d’un côté, les marginaux de l’autre, et entre les deux un personnage tiraillé, un « transfuge de classe », comme dit la sociologie. Pour habiller cette intrigue élémentaire, il m’a suffi de recycler tous les lieux communs en circulation : Sanaa et Aden, le Nord et le Sud, les tribus réfractaires et les éduqués modernistes, etc.. Cette vision ne représente pas la //réalité// de la société yéménite : ce n’est qu’une image qui s’est formée sur ma rétine, dans des conditions que je ne saisis pas très bien. C’est pourquoi je me focalise sur le personnage central, beaucoup plus intéressant à mes yeux. Et même si Ziad a été vaincu //in fine// par cet antagonisme, je me focalise sur l’institution du Za’îm, qui semble de nature à le transcender.+
  
 ===== Définition catéchisante (section 6) ===== ===== Définition catéchisante (section 6) =====
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 Qu’est-ce donc que le Za’îm ? La définition est donnée dans la section 6 « Ziad en société » ({{fr:comprendre:textes:academia:maitrise-zaim.pdf#page=45|accès direct p.43}}) : Qu’est-ce donc que le Za’îm ? La définition est donnée dans la section 6 « Ziad en société » ({{fr:comprendre:textes:academia:maitrise-zaim.pdf#page=45|accès direct p.43}}) :
  
-<WRAP justify>+{{ :fr:comprendre:images:schemas:saas.png?nolink&100|« Paix et salut soient sur lui ».}} 
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 > Le Za'im, c'est celui qui, à l'image du Prophète, frappe les esprits de son entourage par sa vertu. Son excellence est telle qu'elle suscite spontanément l'amour de ses disciples. Naturellement, l'entourage du Za'im suit son exemple et lui obéit. Ainsi le Za'im impose son autorité sans la forcer, il parvient en douceur à mener les autres vers plus d'excellence et de vertu. > Le Za'im, c'est celui qui, à l'image du Prophète, frappe les esprits de son entourage par sa vertu. Son excellence est telle qu'elle suscite spontanément l'amour de ses disciples. Naturellement, l'entourage du Za'im suit son exemple et lui obéit. Ainsi le Za'im impose son autorité sans la forcer, il parvient en douceur à mener les autres vers plus d'excellence et de vertu.
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-Beaucoup reconnaîtront la description du Prophète ﷺ<sup>[[wpfr>Formule_d'eulogie_en_islam| ]]</sup>dans le catéchisme musulman de base. Mais moi j’appelle ça (dans le passage déjà cité [[#conceptualisationZZ|ci-dessus]]) : //« la conceptualisation par Ziad de la figure du Za’im »//. //« Cette élaboration intellectuelle, si elle ne livre pas la clé d'un fonctionnement sociologique réel, constitue un objet absolument passionnant »//. Dans le cadre d’une approche sociologique, je fais du Za’îm une //théorie indigène//[[fr:glossaire#indigene|*]], que  je rapporte à des conditions sociales particulières (définition sociologique du phénomène), mais dont je n’omet pas de décrire l’efficacité performative.+Beaucoup reconnaîtront la description du Prophète ﷺ<sup>[[wpfr>Formule_d'eulogie_en_islam| ]]</sup>dans le catéchisme musulman de base. Mais moi j’appelle ça : //« la conceptualisation par Ziad de la figure du Za’im »// (voir le passage déjà cité [[#conceptualisationZZ|ci-dessus]]). //« Cette élaboration intellectuelle, si elle ne livre pas la clé d'un fonctionnement sociologique réel, constitue un objet absolument passionnant »//. Dans le cadre d’une approche sociologique, je fais du Za’îm une //théorie indigène//[[fr:glossaire#indigene|*]], que  je rapporte à des conditions sociales particulières (définition sociologique du phénomène), mais dont je n’omet pas de décrire l’efficacité performative.
  
  
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 Après une présentation du contexte (avec une évocation attendue de la « crise économique »), voici comment j’introduis le Za’îm en tant que phénomène sociologique (introduction, {{fr:comprendre:textes:academia:maitrise-zaim.pdf#page=5|accès direct pp.3-4}}) : Après une présentation du contexte (avec une évocation attendue de la « crise économique »), voici comment j’introduis le Za’îm en tant que phénomène sociologique (introduction, {{fr:comprendre:textes:academia:maitrise-zaim.pdf#page=5|accès direct pp.3-4}}) :
  
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 > Lorsque je rencontre Ziad, il vient de terminer brillamment ses études de comptabilités mais fait face à des difficultés pour trouver du travail. Après deux semaines infructueuses de recherche d'emploi dans la capitale, il revient à Ta'izz parmi ses voisins et amis. Ziad retrouve à contre cœur la vie de cette jeunesse touchée de plein fouet par la crise et dont il avait pensé s'échapper par les études. > Lorsque je rencontre Ziad, il vient de terminer brillamment ses études de comptabilités mais fait face à des difficultés pour trouver du travail. Après deux semaines infructueuses de recherche d'emploi dans la capitale, il revient à Ta'izz parmi ses voisins et amis. Ziad retrouve à contre cœur la vie de cette jeunesse touchée de plein fouet par la crise et dont il avait pensé s'échapper par les études.
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 Mais aux yeux de la plupart, Ziad n’est ni l’un ni l’autre : il ne se montre pas spécialement religieux et n’a jamais eu d’affinité avec les milieux islamistes, ni avant ni après notre rencontre. Ziad est musulman parce qu’il est mon interlocuteur, parce que j’avais besoin de parler à un esprit mathématique, et parce qu’il assume de relever ce défi. À travers cette expérience, il me donne à voir une grande force de caractère, que je n’aurai de cesse de mettre en valeur dans ce mémoire en tant que //foi// - la seule concevable pour moi à l’époque. Mais en réalité Ziad n’avait pas spécialement la foi à l’époque - au sens de croire en l’Invisible et en la promesse du Jour Dernier. (La foi lui est venue ensuite, avec les épreuves qu’il a dû affronter les années suivantes.) Lors de notre rencontre, Ziad ne faisait qu’occuper la place du musulman dans une partie d’échec, abattant les cartes de l’apologie musulmane ordinaire, auxquelles il réfléchissait en même temps que moi.  Mais aux yeux de la plupart, Ziad n’est ni l’un ni l’autre : il ne se montre pas spécialement religieux et n’a jamais eu d’affinité avec les milieux islamistes, ni avant ni après notre rencontre. Ziad est musulman parce qu’il est mon interlocuteur, parce que j’avais besoin de parler à un esprit mathématique, et parce qu’il assume de relever ce défi. À travers cette expérience, il me donne à voir une grande force de caractère, que je n’aurai de cesse de mettre en valeur dans ce mémoire en tant que //foi// - la seule concevable pour moi à l’époque. Mais en réalité Ziad n’avait pas spécialement la foi à l’époque - au sens de croire en l’Invisible et en la promesse du Jour Dernier. (La foi lui est venue ensuite, avec les épreuves qu’il a dû affronter les années suivantes.) Lors de notre rencontre, Ziad ne faisait qu’occuper la place du musulman dans une partie d’échec, abattant les cartes de l’apologie musulmane ordinaire, auxquelles il réfléchissait en même temps que moi. 
  
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 > « Ainsi nous abordons des questions qui s’avèrent souvent inabordables au Yémen : peut-on avoir une morale sans croire en Dieu ? L’homme descend-il du singe ? Le voile à l’école et “l’intégration”… ? et même les questions relatives à l’existence de Dieu… » ({{fr:comprendre:textes:academia:maitrise-zaim.pdf#page=97|note 78 p. 95}}, en commentaire de « Ziad n’a rien à gagner à opposer une fin de non recevoir aux considérations de “l’incroyant” (//kafir//) que je suis. ») > « Ainsi nous abordons des questions qui s’avèrent souvent inabordables au Yémen : peut-on avoir une morale sans croire en Dieu ? L’homme descend-il du singe ? Le voile à l’école et “l’intégration”… ? et même les questions relatives à l’existence de Dieu… » ({{fr:comprendre:textes:academia:maitrise-zaim.pdf#page=97|note 78 p. 95}}, en commentaire de « Ziad n’a rien à gagner à opposer une fin de non recevoir aux considérations de “l’incroyant” (//kafir//) que je suis. »)
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-Dans ma recherche d’une alliance d’enquête[[fr:glossaire#alliance_d_enquete|*]], j’étais venu avec mon propre cahier des charges. Mon interlocuteur musulman devait être un esprit mathématique ; s’il ne l’était pas, ce n’était pas la peine d’essayer de discuter, nous n’aurions pas eu d’outils pour nous comprendre. Au fond, ma seule stratégie visait à reproduire une expérience antérieure de la camaraderie scientifique, vécue en [[fr:comprendre:moments#1999]]. Mon interlocuteur musulman ne pouvait refuser la discussion rationnelle, surtout s’il était chez lui, sur son propre terrain. Dès lors qu’il acceptait de me parler rationnellement, j’étais prêt à me placer sous son autorité. Et très vite, Ziad avait acquis sur moi une emprise considérable, du simple fait qu’il consentait à occuper ce rôle. Emprise à laquelle, pour me tranquilliser, nous avions donné un nom : le Za’îm.+Dans ma recherche d’une alliance d’enquête[[fr:glossaire#alliance_d_enquete|*]], j’étais venu avec mon propre cahier des charges. Mon interlocuteur musulman devait être un esprit mathématique ; s’il ne l’était pas, ce n’était pas la peine d’essayer de discuter, nous n’aurions pas eu d’outils pour nous comprendre. Au fond, ma seule stratégie visait à reproduire une expérience antérieure de la camaraderie scientifique, vécue en [[fr:comprendre:moments:accueil#1999]]. Mon interlocuteur musulman ne pouvait refuser la discussion rationnelle, surtout s’il était chez lui, sur son propre terrain. Dès lors qu’il acceptait de me parler rationnellement, j’étais prêt à me placer sous son autorité. Et très vite, Ziad avait acquis sur moi une emprise considérable, du simple fait qu’il consentait à occuper ce rôle. Emprise à laquelle, pour me tranquilliser, nous avions donné un nom : le Za’îm.
  
 On pourrait m’accuser d’avoir fait de //l’observation participante//[[fr:glossaire#observation_participante|*]] en laissant croire que j’étais intéressé par l’islam, pour mieux faire volte-face au moment de l’analyse. J’ai parfois ce sentiment moi-même, en me relisant à plusieurs années d’écart - en fait je me débats dans cette accusation depuis quinze ans - mais ce n’est pas ce qui s’est passé. Si j’étais venu « en traitre », nos échanges n’auraient jamais débordé sur ces questions.\\ On pourrait m’accuser d’avoir fait de //l’observation participante//[[fr:glossaire#observation_participante|*]] en laissant croire que j’étais intéressé par l’islam, pour mieux faire volte-face au moment de l’analyse. J’ai parfois ce sentiment moi-même, en me relisant à plusieurs années d’écart - en fait je me débats dans cette accusation depuis quinze ans - mais ce n’est pas ce qui s’est passé. Si j’étais venu « en traitre », nos échanges n’auraient jamais débordé sur ces questions.\\
 Dans ma recherche d’une alliance d’enquête, la dimension « contestataire » ne faisait pas partie à l’avance de mon cahier des charges : je n’ai pas commencé par identifier des personnes « contestataires » pour les placer ensuite sous le microscope, comme aurait pu le faire un sociologue de l’islam politique. C’est parce que cette alliance s’effondre, que j’identifie rétrospectivement chez Ziad une dimension contestataire, en tant que « découverte heuristique » : Dans ma recherche d’une alliance d’enquête, la dimension « contestataire » ne faisait pas partie à l’avance de mon cahier des charges : je n’ai pas commencé par identifier des personnes « contestataires » pour les placer ensuite sous le microscope, comme aurait pu le faire un sociologue de l’islam politique. C’est parce que cette alliance s’effondre, que j’identifie rétrospectivement chez Ziad une dimension contestataire, en tant que « découverte heuristique » :
  
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 > [Suite de la note 78] « Si j’insiste sur ces discussions [la laïcité, Darwin, le voile à l’école…], bien qu’elles ne constituent pas des données en tant que telles, c’est qu’elles me semblent importantes pour comprendre le sens qu’a pu prendre pour Ziad cette alliance d’enquête. Il n’est absolument pas anodin, à mon sens, qu’un Yéménite pratiquant qui n’a jamais discuté avec un non-musulman prenne plaisir à mener de telles discussions qui sont jugées scandaleuses par le sens commun. Le point de vue « intellectuel » de Ziad institue une rupture avec l’ordre social établi : s’investir avec moi dans une discussion qui ne reconnaît que les critères de la logique pour aborder la religion, principal argument de légitimité sociale, cela s’inscrit dans une idéologie contestataire. Et qu’au cours de ces discussions il lui revienne le rôle d’argumenter pour le compte de l’Islam ne fait qu’ajouter à cette dimension contestataire. » > [Suite de la note 78] « Si j’insiste sur ces discussions [la laïcité, Darwin, le voile à l’école…], bien qu’elles ne constituent pas des données en tant que telles, c’est qu’elles me semblent importantes pour comprendre le sens qu’a pu prendre pour Ziad cette alliance d’enquête. Il n’est absolument pas anodin, à mon sens, qu’un Yéménite pratiquant qui n’a jamais discuté avec un non-musulman prenne plaisir à mener de telles discussions qui sont jugées scandaleuses par le sens commun. Le point de vue « intellectuel » de Ziad institue une rupture avec l’ordre social établi : s’investir avec moi dans une discussion qui ne reconnaît que les critères de la logique pour aborder la religion, principal argument de légitimité sociale, cela s’inscrit dans une idéologie contestataire. Et qu’au cours de ces discussions il lui revienne le rôle d’argumenter pour le compte de l’Islam ne fait qu’ajouter à cette dimension contestataire. »
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 Dans la section 12 (« L’enthousiasme de Ziad »), je me livre à une sorte de « théologie » du Za’îm et de son infaillibilité. Mais là encore, si j’avais pris explicitement l’islam pour objet, j’aurais été bien en peine de penser ou d’écrire ces lignes. Mon analyse s’écarte d’une définition interne à l’orthodoxie sunnite (l’islam comme simple imitation d’un modèle de comportement), comme de ses reformulations culturalistes (« anthropologie de l’islam »). Mon intuition est indissociable de cette rencontre laïque, de la tension intellectuelle qu’elle génère, qui décuple ma fascination. Ici je tire ma « théorie du Za’îm » plutôt vers la philosophie des sciences ({{fr:comprendre:textes:academia:maitrise-zaim.pdf#page=84|pp. 82-83}}) : Dans la section 12 (« L’enthousiasme de Ziad »), je me livre à une sorte de « théologie » du Za’îm et de son infaillibilité. Mais là encore, si j’avais pris explicitement l’islam pour objet, j’aurais été bien en peine de penser ou d’écrire ces lignes. Mon analyse s’écarte d’une définition interne à l’orthodoxie sunnite (l’islam comme simple imitation d’un modèle de comportement), comme de ses reformulations culturalistes (« anthropologie de l’islam »). Mon intuition est indissociable de cette rencontre laïque, de la tension intellectuelle qu’elle génère, qui décuple ma fascination. Ici je tire ma « théorie du Za’îm » plutôt vers la philosophie des sciences ({{fr:comprendre:textes:academia:maitrise-zaim.pdf#page=84|pp. 82-83}}) :
  
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 > « Bien comprendre la nature de l'autorité revendiquée par Ziad, c'est bien comprendre ce qu'il entend par ce concept de Za'im. En particulier il faut souligner que même dans le sens où Ziad l'entend, ce concept n'a pas une vocation normative mais performative. Ziad ne pense pas le Za'im comme une figure, comme un exemple que lui doit suivre. Être Za'im n'est pas un objectif mais un //état//. Ou, pour le dire autrement, la perfection du Za'im n'est pas un idéal inaccessible, c'est une perfection réalisable et réalisée. > « Bien comprendre la nature de l'autorité revendiquée par Ziad, c'est bien comprendre ce qu'il entend par ce concept de Za'im. En particulier il faut souligner que même dans le sens où Ziad l'entend, ce concept n'a pas une vocation normative mais performative. Ziad ne pense pas le Za'im comme une figure, comme un exemple que lui doit suivre. Être Za'im n'est pas un objectif mais un //état//. Ou, pour le dire autrement, la perfection du Za'im n'est pas un idéal inaccessible, c'est une perfection réalisable et réalisée.
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 > L'analogie avec la comptabilité joue évidemment un rôle majeur. L'exactitude comptable n'est pas un idéal dont les comptables s'efforcent de s'approcher. Toute comptabilité est soit exacte, soit inexacte. Si elle est exacte, elle l'est de bout en bout. Tout comme l'épreuve des examens de fin d'étude à laquelle Ziad à obtenu 100\% , la vie de Ziad peut tout à fait être “juste à 100\%” . Si c'est le cas, il est Za'im. La “comptabilité religieuse”, dont Ziad m'a confié qu'il voulait l'instaurer dans sa vie, est un mode de conduite rigoureusement exact. On comprend ce qu'il y aurait d'absurde à ce que Ziad ne se déclare pas Za'im absolument, tout comme serait absurde un comptable qui déclarerait son travail “à peu près juste”. Être vraiment musulman ne signifie pas suivre de loin l'exemple du Prophète, cela signifie être Za'im au même titre que Lui. D'ailleurs la réflexion de Ziad, si elle s'appuie sur la figure du Prophète, ne se pose pas du tout la question de savoir si Mohammed est un //za'im// parmi d'autres ou s'il est le premier des //zu'ama//. Si le Prophète est un exemple à suivre, c'est qu'il est suivable, il suffit de respecter les préceptes de l'Islam et de « réfléchir ». Là est le plus important d'ailleurs, car le plus mal compris en général, et Ziad ne cesse de le répéter à chaque jeune de son entourage : //Fakkir bi-mantiq !// Réfléchis avec logique ! » > L'analogie avec la comptabilité joue évidemment un rôle majeur. L'exactitude comptable n'est pas un idéal dont les comptables s'efforcent de s'approcher. Toute comptabilité est soit exacte, soit inexacte. Si elle est exacte, elle l'est de bout en bout. Tout comme l'épreuve des examens de fin d'étude à laquelle Ziad à obtenu 100\% , la vie de Ziad peut tout à fait être “juste à 100\%” . Si c'est le cas, il est Za'im. La “comptabilité religieuse”, dont Ziad m'a confié qu'il voulait l'instaurer dans sa vie, est un mode de conduite rigoureusement exact. On comprend ce qu'il y aurait d'absurde à ce que Ziad ne se déclare pas Za'im absolument, tout comme serait absurde un comptable qui déclarerait son travail “à peu près juste”. Être vraiment musulman ne signifie pas suivre de loin l'exemple du Prophète, cela signifie être Za'im au même titre que Lui. D'ailleurs la réflexion de Ziad, si elle s'appuie sur la figure du Prophète, ne se pose pas du tout la question de savoir si Mohammed est un //za'im// parmi d'autres ou s'il est le premier des //zu'ama//. Si le Prophète est un exemple à suivre, c'est qu'il est suivable, il suffit de respecter les préceptes de l'Islam et de « réfléchir ». Là est le plus important d'ailleurs, car le plus mal compris en général, et Ziad ne cesse de le répéter à chaque jeune de son entourage : //Fakkir bi-mantiq !// Réfléchis avec logique ! »
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 ===== Modèle et récit (introduction 2/2) ===== ===== Modèle et récit (introduction 2/2) =====
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 C’est l’effondrement de cette alliance qui m’oblige à construire un rapport distancié à cette expérience, et donc à construire cette « théorie du Za’îm » : une institution tenant pour elle-même, indissociable d’une place attribuée à l’observateur, pré-existante à mon arrivée. Pour autant, comme le montre la suite de l’introduction (pp. 4-5), je suis loin d’ignorer l’effet de ma présence sur la situation observée, et loin de penser que la réalité est épuisée par le modèle : C’est l’effondrement de cette alliance qui m’oblige à construire un rapport distancié à cette expérience, et donc à construire cette « théorie du Za’îm » : une institution tenant pour elle-même, indissociable d’une place attribuée à l’observateur, pré-existante à mon arrivée. Pour autant, comme le montre la suite de l’introduction (pp. 4-5), je suis loin d’ignorer l’effet de ma présence sur la situation observée, et loin de penser que la réalité est épuisée par le modèle :
  
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 > Bien évidemment, nous devrons également aborder de front la question des difficultés inhérentes à « l'observation du vide » : quel est l'impact de l'intrusion d'un observateur étranger au sein d'un milieu où il représente une « infrastructure économique » dont l'importance est d'ordre comparable à celles qui lui préexistent. En fait la question ne se limite pas à la dimension économique : sur le plan symbolique, la présence d'un enquêteur occidental représente un événement important, clairement de nature à polariser pour un temps la vie de quartier. Si l'étude a néanmoins pu être menée, c'est que l'ethnologue a sans le savoir occupé la « place » qui lui était en quelque sorte destinée dans les logiques sociales locales ([[fr:explorer:auteurs:florence_weber|Florence Weber]]). > Bien évidemment, nous devrons également aborder de front la question des difficultés inhérentes à « l'observation du vide » : quel est l'impact de l'intrusion d'un observateur étranger au sein d'un milieu où il représente une « infrastructure économique » dont l'importance est d'ordre comparable à celles qui lui préexistent. En fait la question ne se limite pas à la dimension économique : sur le plan symbolique, la présence d'un enquêteur occidental représente un événement important, clairement de nature à polariser pour un temps la vie de quartier. Si l'étude a néanmoins pu être menée, c'est que l'ethnologue a sans le savoir occupé la « place » qui lui était en quelque sorte destinée dans les logiques sociales locales ([[fr:explorer:auteurs:florence_weber|Florence Weber]]).
  
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 > Néanmoins la narration des événements de l'enquête nous semble indispensable, non seulement parce qu'elle apporte une « vie » que l'analyse anthropologique amène à perdre de vue, mais aussi parce qu'elle permet de reconstituer les conditions sociales de production des données et des prises de positions qui ont guidé nos interprétations. En somme cette dernière partie permet de restituer la cohérence des points de vues et des « raisons pratiques », souvent dénaturée par la perspective « omnisciente » adoptée par le chercheur ([[fr:explorer:auteurs:pierre_bourdieu:accueil|Pierre Bourdieu]]). > Néanmoins la narration des événements de l'enquête nous semble indispensable, non seulement parce qu'elle apporte une « vie » que l'analyse anthropologique amène à perdre de vue, mais aussi parce qu'elle permet de reconstituer les conditions sociales de production des données et des prises de positions qui ont guidé nos interprétations. En somme cette dernière partie permet de restituer la cohérence des points de vues et des « raisons pratiques », souvent dénaturée par la perspective « omnisciente » adoptée par le chercheur ([[fr:explorer:auteurs:pierre_bourdieu:accueil|Pierre Bourdieu]]).
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 Bien sûr, j’ai construit le modèle qui me permettait de raconter l’histoire (comme je le disais au début). Mais j’ai surtout affirmé une position théorique forte, sur le rapport entre modèle et récit. Le modèle ne peut épuiser à lui-seul la réalité, mais le récit armé par le modèle, par contre, peut quelque chose de l’ordre du //témoignage//. D’ailleurs la conclusion finale ne laisse subsister aucune ambiguïté ({{fr:comprendre:textes:academia:maitrise-zaim.pdf#page=118|p.116}}, dans la dernière page du mémoire) : Bien sûr, j’ai construit le modèle qui me permettait de raconter l’histoire (comme je le disais au début). Mais j’ai surtout affirmé une position théorique forte, sur le rapport entre modèle et récit. Le modèle ne peut épuiser à lui-seul la réalité, mais le récit armé par le modèle, par contre, peut quelque chose de l’ordre du //témoignage//. D’ailleurs la conclusion finale ne laisse subsister aucune ambiguïté ({{fr:comprendre:textes:academia:maitrise-zaim.pdf#page=118|p.116}}, dans la dernière page du mémoire) :
  
-> Du point de vue de l'analyse sociologique au moins, le Za'im est un prophète : un prophète du vide, régnant sur un « royaume » de 12 mètres carrés ; un prophète néanmoins, //en puissance//.\\ +<WRAP box alsqr> 
-Et si l'on cherche à comprendre, avec Max Weber, ce qui constitue la confirmation de ce charisme, si l'on cherche, en amont de la reconnaissance dont il fait l'objet, quel prodige - [Note de bas de page : Si l'on exclut les 100\% qu'il a obtenu dans une épreuve de son diplôme…] - quel prodige //fonde// l'autorité charismatique du leader, alors il faut invoquer la faculté de Ziad à imposer, envers et contre tout, sa version propre de la réalité sociale.+> Du point de vue de l'analyse sociologique au moins, le Za'im est un prophète : un prophète du vide, régnant sur un « royaume » de 12 mètres carrés ; un prophète néanmoins, //en puissance//.\\ Et si l'on cherche à comprendre, avec Max Weber, ce qui constitue la confirmation de ce charisme, si l'on cherche, en amont de la reconnaissance dont il fait l'objet, quel prodige - [Note de bas de page : Si l'on exclut les 100\% qu'il a obtenu dans une épreuve de son diplôme…] - quel prodige //fonde// l'autorité charismatique du leader, alors il faut invoquer la faculté de Ziad à imposer, envers et contre tout, sa version propre de la réalité sociale.
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 > Que l'on ne s'étonne pas qu'une simple « vision » puisse fédérer à elle-seule une « communauté émotionnelle » à l'échelle du quartier : c'est qu'à travers ces « histoires de Za'im », Ziad et les « frères du quartier » se mettent à l'abri de la //violence symbolique// à laquelle ils sont soumis du fait de leur condition sociale et de leur proximité au Rond-Point. > Que l'on ne s'étonne pas qu'une simple « vision » puisse fédérer à elle-seule une « communauté émotionnelle » à l'échelle du quartier : c'est qu'à travers ces « histoires de Za'im », Ziad et les « frères du quartier » se mettent à l'abri de la //violence symbolique// à laquelle ils sont soumis du fait de leur condition sociale et de leur proximité au Rond-Point.
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 ===== Conclusion ===== ===== Conclusion =====
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 On le voit bien dans ce mémoire : à l’égard de l’islam, j’étais dans les dispositions les plus favorables. Je voulais découvrir quelque chose de beau, quelque chose de grandiose, que je puisse décrire rationnellement dans mon propre langage - mais <del>la //société// yéménite</del>mon propre langage m’en a empêché. Dans les dernières semaines((Les dernières semaines de septembre étaient très peu évoquées dans ma maîtrise, je les ai exhumé ces dernières années (depuis [[fr:comprendre:moments:accueil#2018]]).)), j’ai cherché un recours inlassablement, multipliant les allers-retours entre le quartier et le carrefour - comme entre Safâ et Marwa<sup>[[wpfr>Safâ_et_Marwa#Agar_et_Ismaël| ]]</sup> - pour fixer ce que j’avais vu de beau. La //société// yéménite ne m’a pas secouru, pour que je puisse dire cette histoire ; à travers Waddah, c’est le //régime// yéménite qui me l’a finalement permis. On le voit bien dans ce mémoire : à l’égard de l’islam, j’étais dans les dispositions les plus favorables. Je voulais découvrir quelque chose de beau, quelque chose de grandiose, que je puisse décrire rationnellement dans mon propre langage - mais <del>la //société// yéménite</del>mon propre langage m’en a empêché. Dans les dernières semaines((Les dernières semaines de septembre étaient très peu évoquées dans ma maîtrise, je les ai exhumé ces dernières années (depuis [[fr:comprendre:moments:accueil#2018]]).)), j’ai cherché un recours inlassablement, multipliant les allers-retours entre le quartier et le carrefour - comme entre Safâ et Marwa<sup>[[wpfr>Safâ_et_Marwa#Agar_et_Ismaël| ]]</sup> - pour fixer ce que j’avais vu de beau. La //société// yéménite ne m’a pas secouru, pour que je puisse dire cette histoire ; à travers Waddah, c’est le //régime// yéménite qui me l’a finalement permis.
  
-À quel moment s’est jouée l’issue de ce premier séjour ? Au moment où j’ai commencé à m’opposer à Ziad, en public, dans son propre royaume. Alors le retournement a été spectaculaire : j’ai été « cannibalisé ». Comme si les Yéménites n’avaient attendu que ce signe-là, pour s’émanciper de l’autorité de leur Za’îm. Dans mon mémoire, j’explique ce phénomène par un « stigmate », dont ce milieu social aurait souffert structurellement - mais l’explication est peu convaincante((L’explication du //[[fr:comprendre:processus:viol_fictionnel_latent|viol fictionnel latent]]//, avancée encore ces tout derniers jours, l’est-elle beaucoup plus ?…)). J’ai surtout été cannibalisé par leur complaisance, par leur volonté d’attirer à eux l’Occidental, d’être avec lui dans un rapport direct. //« Tu ne me respectes pas »// : ayant fini par dire ces mots à Ziad, j’avais soudain changé de statut : j’étais soudain devenu //non-respectable//, et tout le monde pouvait devenir mon « informateur »Mais c’est très bien qu’il en ait été ainsi, c’est la meilleure chose qui me soit arrivée !\\ +À quel moment s’est jouée l’issue de ce premier séjour ? Au moment où j’ai commencé à m’opposer à Ziad, en public, dans son propre royaume ({{fr:comprendre:textes:academia:maitrise-zaim.pdf#page=99|accès direct p.97}}). Alors le retournement a été spectaculaire : j’ai été « cannibalisé ». Comme si les Yéménites n’avaient attendu que ce signe-là, pour s’émanciper de l’autorité de leur Za’îm. Dans mon mémoire, j’explique ce phénomène par un « stigmate », dont ce milieu social aurait souffert structurellement - mais l’explication est peu convaincante((L’explication du //[[fr:comprendre:processus:viol_fictionnel_latent|viol fictionnel latent]]//, avancée encore ces tout derniers jours, l’est-elle beaucoup plus ?…)). J’ai surtout été cannibalisé par leur complaisance, par leur volonté d’attirer à eux l’Occidental, d’être avec lui dans un rapport direct. Ayant fini par dire ces mots à Ziad, //« Tu ne me respectes pas »//, j’avais soudain changé de statut : j’étais soudain devenu //non-respectable// de mon propre chef, et tout le monde pouvait devenir mon « informateur »…\\ 
-L’injustice n’est pas là, mais dans le fait que depuis quinze ans, j’essaie de dire cette histoire. Est-ce une injustice ? Je ne le sais plus. Peut-être pour redevenir respectable n’ai-je pas encore trouvé le signe.+Mais c’est très bien qu’il en ait été ainsi, c’est la meilleure chose qui me soit arrivée ! L’injustice n’est pas là, mais dans le fait que depuis quinze ans, j’essaie de dire cette histoire. Est-ce une injustice ? Je ne le sais plus. Peut-être pour redevenir respectable n’ai-je pas encore trouvé le signe.
  
 <WRAP rightalign>[[fr:comprendre:|Retour Accueil de Comprendre]]</WRAP> <WRAP rightalign>[[fr:comprendre:|Retour Accueil de Comprendre]]</WRAP>
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fr/comprendre/textes/academia/maitrise/theorie_du_za_im.1675615212.txt.gz · Dernière modification : 2023/02/05 17:40 de mansour

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