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Dire à Ziad ses « 4 vérités » (15 octobre 2003)
Extrait du texte « Qui m’a conduit au Hawdh ? », dans mon chantier « Scène Primitive » de 2018.
Dix jours plus tard (voir Passage à l'acte du 4 octobre 2003), en route vers Taez pour y faire mes adieux, je fais une étape dans le village de Ziad. J’ai pris des forces, je veux régler mes comptes avec lui avant mon départ. Après quelques échanges, il propose que nous mâchions le qat, et nous nous dirigeons vers le souk. Mais j’aborde alors l’incident (voir Une pseudo-tentative de viol), lui reprochant vigoureusement de ne pas être revenu à Taez, me protéger contre Nabil. Dans mon carnet quelques heures plus tard, je noterai essentiellement mon propre réquisitoire, et certaines de ses réactions :
Ziad me propose d’aller acheter du qat, pour qater ce soir : il veut connaître les résultats de la recherche. En chemin vers le souk, j’en viens à évoquer le problème avec Nabil. Ziad me dit : - « Oui, je l’ai appelé parce que j’ai pensé que c’était la meilleure solution ».
Je rétorque : - « Non. Je ne sais pas pourquoi précisément, mais j’interprète que tu t’es laissé aller à continuer le petit jeu de compétition entre nous, tu es allé trop loin, sans responsabilité. Tu as mis en danger ma santé, mon honneur. Un type saoul, armé, qui veut me niquer, les mecs du quartier ça les effraie pas plus que ça, mais moi je suis pas habitué.
Depuis ce moment là, pas question de continuer de jouer avec toi. Je te permettrai pas que tu me chasses du quartier, que tu fasses courir des rumeurs, que tu manipules les gens derrière mon dos. Je ne suis pas revenu pour reprendre le jeu.
D’ailleurs, la logique voudrait que je ne revienne pas. Mais je me sens obligé d’être franc, bien que je sache que tu serais capable d’utiliser ce que je te dis pour faire un nouveau coup. Mais je ne veux pas garder de toi une image mauvaise. Je sais que tu as un bon fond, je veux juste en faire l’expérience avant de partir. »
(Ziad a renoncé au qat, on revient).
- « Bon, tu reviendras en France comme tu es venu, un enfant. Sans virilité. »
- « Je reviendrai avec mes mœurs. J’ai de la virilité, ça ne me fait pas vouloir enculer tout le monde. »
- « Qui t’a dit…(que la virilité c’était enculer…) ». Surpris.
- « …Moi je m’en fous de te contrôler, ou de te comprendre, de saisir ton intimité. Je demande juste du respect et de la reconnaissance. »
On voit qu’à ce stade, la perversité de Ziad ne fait plus aucun doute, ni la réalité de l’incident avec Nabil. Il me demande de partir, mais un doute commence à l’habiter (qui ne m'échappe pas dans ma prise de note…). Ziad est de retour à Taez trois jours plus tard et nous avons un long échange, beaucoup plus apaisé. Cette fois Ziad a compris.
(…) Ziad commence par me faire dire, avec insistance : « Que Dieu vous excuse ! » (سامحكم الله) Et je le dis.
- Voir également ma lettre du 18 octobre 2003 (le 3e § parle de Ziad).