Waddah dans mes archives vidéo

Waddah est présent aussi sur les images, lors de cette « cérémonie d’adieux » du 17 novembre 2008. C’est Waddah qui est derrière et qui regarde en souriant, les mains posées sur sa jambiyya°. Il est le seul à avoir cette posture, à vouloir montrer qu’il est là et qu’il regarde, même si personne ne lui donne un rôle bien défini.
On le voit aussi dans la séquence suivante, assis à la droite de Ziad…
…et bien sûr il n’a aucun message à faire passer à la caméra, là encore, il se contente de regarder la caméra dans les yeux. Pour les protagonistes, son rôle dans l’affaire était transparent, et publiquement assumé. Moi-même, j’étais prêt à faire de lui un personnage à part entière (comme je l’ai fait finalement en décembre 2017) - mais à condition que les sciences sociales regardent d’abord en face leur propre honte!
C’est tout l’enjeu de ces images, c’est le jeu que j’instaure avec les Yéménites, la connivence que j’ai installée avec eux, qu’ils reproduisent devant la caméra : « Mettez-en leur plein les yeux… ». Même les commerçants : Na’if le vendeur de vêtements, Lotfi l’horloger, Fahmi le pharmacien… Toutes ces personnes sont des complices, qui comprennent la logique de ma recherche, et qui jouent leur partition.
Tu vois, c’est une affaire totalement publique. Dans cette histoire, il n’y a d’autre homosexualité que la mienne, et d’aveux compromettant pour personne. Waddah a été piégé, mais il fait amende honorable, et tout le monde est prêt à faire bonne figure.
Et pourtant, ces images n’ont jamais été vues. Personne n’a jamais accepté de les voir. J’ai vendu aux Yéménites que les sciences sociales avaient une face, qu’elles n’ont pas en réalité. Taez a finalement perdu son pari. Mais sans doute c’était le sens de l’Histoire, comme au Mali, au Niger, etc..

[Extrait d'un message du 8 août 2023]