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fr:comprendre:personnes:vincent

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 //Le [[fr:zaim:accueil|Za’îm]] s’était retiré dans son village, j’étais avec le cousin de Sanaa, qu’on m’avait présenté comme « le second Za’îm ». Il me restait trois semaines, mais à l’évidence l’histoire était déjà finie. J’ai posé sur mon sexe ma blanche main droite, celle de laquelle j’avais tenu mes carnets ; j’étais revenu à bon port.\\ //Le [[fr:zaim:accueil|Za’îm]] s’était retiré dans son village, j’étais avec le cousin de Sanaa, qu’on m’avait présenté comme « le second Za’îm ». Il me restait trois semaines, mais à l’évidence l’histoire était déjà finie. J’ai posé sur mon sexe ma blanche main droite, celle de laquelle j’avais tenu mes carnets ; j’étais revenu à bon port.\\
-La jeune fille retrouvée à l’aéroport fut complice de mon silence. Tout ce qui importait pour elle, c’était que j’écrive l’histoire du Za’îm et que je l’oublie. J’ai écrit l’histoire du Za’îm, et c’est elle que j’ai quitté. Trois ans plus tard (2007), [[fr:comprendre:personnes:ziad|Ziad]] était interné en Hôpital Psychiatrique. Alors je suis devenu musulman.//+La jeune fille retrouvée à l’aéroport ([[fr:comprendre:moments:accueil#octobre 2003]]) fut complice de mon silence. Tout ce qui importait pour elle, c’était que j’écrive l’histoire du Za’îm et que je l’oublie. J’ai écrit l’histoire du Za’îm, et c’est elle que j’ai quitté. Trois ans plus tard (2007), [[fr:comprendre:personnes:ziad|Ziad]] était interné en Hôpital Psychiatrique. Alors je suis devenu musulman.//
 <WRAP lo rightalign> => Poursuivre sur [[fr:comprendre:moments:intersexuation|Moïse et l'exploration]]</WRAP> <WRAP lo rightalign> => Poursuivre sur [[fr:comprendre:moments:intersexuation|Moïse et l'exploration]]</WRAP>
  
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 {{ :fr:comprendre:images:divers:maison-antony-vers1990.jpg?400|La maison de ma mère vue de la place de la gare}}===== La maison où j’ai grandi ===== {{ :fr:comprendre:images:divers:maison-antony-vers1990.jpg?400|La maison de ma mère vue de la place de la gare}}===== La maison où j’ai grandi =====
  
-Je suis né en 1980, à Paris. [[fr:comprendre:personnes:richard_planel|Mon père]] était chercheur CNRS en physique des semi-conducteurs, dans un laboratoire à Bagneux. Ma mère était médecin psychiatre et psychanalyste, installée à son compte dans cette belle maison face à la gare d’Antony, en 1983. C’était avant internet, et pour se constituer une clientèle il fallait avoir pignon sur rue. À gauche du portail, une plaque indiquait le nom de ma mère et un numéro de téléphone. Toutes les demi-heures on sonnait à la grille, une personne traversait la cour, montait les marches, pénétrait dans cette vaste façade et s’asseyait dans la salle d’attente. Nous nous vivions derrière. En rentrant de l’école nous passions par la porte de service, et je ne devais surtout pas regarder par la fenêtre depuis ma chambre au premier étage - afin que mon existence n’empêche pas le fameux « transfert », condition de l’efficacité thérapeutique…+Je suis né en 1980, à Paris. [[fr:comprendre:personnes:richard_planel|Mon père]] était chercheur CNRS en physique des semi-conducteurs, dans un laboratoire à Bagneux. Ma mère était médecin psychiatre et psychanalyste, installée à son compte dans cette belle maison face à la gare d’Antony, en 1983. C’était avant internet, et pour se constituer une clientèle il fallait avoir pignon sur rue. À gauche du portail, une plaque indiquait le nom de ma mère et un numéro de téléphone. Tous les trois quarts d'heure on sonnait à la grille, une personne traversait la cour, montait les marches, pénétrait dans cette vaste façade et s’asseyait dans la salle d’attente. Nous nous vivions derrière. En rentrant de l’école nous passions par la porte de service, et je ne devais surtout pas regarder par la fenêtre depuis ma chambre au premier étage - afin que mon existence n’empêche pas le fameux « transfert », condition de l’efficacité thérapeutique…
  
 Toute mon enfance, on m’a dit la chance que j’avais d’avoir mes deux parents. Chacun d’eux avaient une fille d’un précédent mariage : la fille de ma mère, qui vivait avec nous mais s’échappait les mercredis, et la fille de mon père, qui nous rejoignait les week-ends. Moi je n’ai jamais connu que cette maison. Qu’il y avait tout de même quelques avantages pour elles à circuler ainsi d’un monde à l’autre, ça n’est jamais venu à mon esprit d’enfant. Mes sœurs étaient des filles, j’étais un garçon, situations d’autant moins comparables. Donc j’ai toujours vécu dans une conscience aiguë de mon privilège, de la bénédiction qui l’accompagnait. Toute mon enfance, on m’a dit la chance que j’avais d’avoir mes deux parents. Chacun d’eux avaient une fille d’un précédent mariage : la fille de ma mère, qui vivait avec nous mais s’échappait les mercredis, et la fille de mon père, qui nous rejoignait les week-ends. Moi je n’ai jamais connu que cette maison. Qu’il y avait tout de même quelques avantages pour elles à circuler ainsi d’un monde à l’autre, ça n’est jamais venu à mon esprit d’enfant. Mes sœurs étaient des filles, j’étais un garçon, situations d’autant moins comparables. Donc j’ai toujours vécu dans une conscience aiguë de mon privilège, de la bénédiction qui l’accompagnait.
fr/comprendre/personnes/vincent.txt · Dernière modification : 2024/06/17 10:32 de mansour

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