Démarche de méta-histoire à expliciter.
Cette perspective n'est pas contradictoire avec les approches universitaires existantes - la nécessaire spécialisation sur telle problématique du monde contemporain, telle époque de l'histoire, telle problématique théologique, chacune exigeant des compétences particulières (parler tel dialecte, lire le latin, s'y retrouver dans les lectures d'Aristote…).
Mon approche se nourrit de ces études, ou plutôt des vulgarisations proposées par ces chercheurs, qui nous introduisent le contexte socio-historique et les grandes lignes d'une problématique. C'est une manière de relier différents domaines de l'érudition universitaire, sur un autre plan.
Au cours de mes études (ENS/EHESS notamment), j’ai été formé à une conception unitaire des sciences sociales, où l'anthropologie se combine étroitement à la sociologie et à l'histoire. En fait ma démarche est celle de la sociohistoire : « comprendre, à la lumière du passé historique, comment les choses du présent fonctionnent » (définition de Gérard Noiriel). Mais en général, la sociohistoire se pratique sur quelques siècles, surtout le XXe et le XIXe siècle, jusqu'à la Renaissance tout au plus, et sur l'histoire européenne. Pour ma part, je suis aux prises avec un passé historique qui se situe en amont (époque hellénistique, antiquité tardive, époque médiévale).
Je reste avant tout anthropologue - analysant les interactions, les rites et les quiproquos qui structurent le monde contemporain - et incapable de lire dans le texte les commentaires médiévaux d'Aristote. Pour autant, j'ai appris à me repérer dans ce passé où s'enracine le paysage monothéiste actuel, et je crois pouvoir poser les bonnes questions.
En fait, j'ai le sentiment d'être en train de reconstruire l'Orient des sciences sociales, en tant que lieu épistémologique, qu'on avait prétendu abolir avec la disgrâce de l'Orientalisme.