Court documentaire de 13 minutes, en forme d’appel à la sauvegarde du patrimoine architectural yéménite.
Il est tourné par Pasolini un dimanche, entre deux scènes de son propre film1).
« Nous en appelons à l’UNESCO
au nom de la véritable - bien qu’encore inexprimée - volonté du peuple yéménite.
Au nom des hommes simples, que la pauvreté a gardé purs.
Au nom de la grâce des siècles obscurs.
Au nom de la scandaleuse force révolutionnaire du passé. »
Démarrage à 10'30, où sont les images les plus originales.
Version en italien également disponible sur youtube (avec la voix de Pasolini).
J'apprécie particulièrement la perspective globale, et l’irruption d’une séquence tournée en Italie, de 8’ à 10’30 :
« …Voilà pourquoi sa beauté possède une forme de perfection irréelle, presque excessive et exaltante. Bien qu’appartenant à un registre infiniment plus simple et populaire, elle est belle comme Venise, Rubino, Prague ou Amsterdam. La classe dirigeante yéménite a honte de sa pauvreté et de sa saleté, et a certainement tacitement décidé sa destruction.
Du reste, la destruction du monde antique, mais aussi du monde d’aujourd’hui est partout à l’œuvre, déferlant à travers la spéculation immobilière du néo-capitalisme. À la place d’une Italie belle et humaine, bien que pauvre, il y a désormais quelque chose d’indéfinissable, qui dépasse la laideur. »
Je reproduis le diagnostic formulé au début (1’50 à 2’46), qui résume bien la perspective pasolinienne :
« Il y a dix ans encore, le Yémen était un pays médiéval. Depuis des siècles, son histoire s'était arrêtée. Avec la guerre civile entre républicains et monarchistes, qui s'est achevée par la victoire des premiers, le Yémen a pris un nouveau départ. Mais le conflit a décimé la jeunesse : aujourd'hui les ouvriers et les soldats sont des enfants. Pourtant à Sanaa la Capitale, on assiste à l'explosion d'un désir de modernité et de progrès. Mais il est évident que ce désir vient de l'extérieur, et n'a pas pris naissance dans ce pays médiéval, où la démocratie a été introduite par des minorités révolutionnaires. Le Yémen a accueilli ces idées nouvelles plein de bonnes volontés, mais il a dû souffrir des conséquences d'une décision imposée d'en haut. »