Juchée sur un éperon rocheux au pied d’une grande montagne, la Forteresse Surplombante (Qal’a al-Qâhira) domine une plaine agricole irrégulière. Cette montagne est le Djébel Sabir, qui culmine à 3000 m. d’altitude. Elle appartient au massif d’al-Hujariyya, qui surplombe le détroit de Bab el-Mandeb face à la Corne de l’Afrique. Mais notre forteresse est tournée vers le nord, vers cette plaine agricole suspendue à 1400 m., point de passage naturel pour les caravanes entre Mokha et Aden, la Mer Rouge et l’Océan Indien.
La ville de Taez s’est développée là, sous cette forteresse, à partir du XIIème siècle.
Plus au Nord commencent d’autres montagnes, plus escarpées, des Hauts Plateaux plus arides, vers l’antique ville de Sanaa : un pays reculé peuplé de guerriers farouches, donnant sur le désert d’Arabie.
Mais autour de Taez, le Bas Yémen est une région fertile, arrosée par la mousson, c’est le grenier de l’Arabia Felix. De tout temps, ses habitants ont voyagé vers les côtes d’Afrique de l’Est, puis au vingtième siècle vers la colonie britannique d’Aden, où ils ont fourni l’essentiel de la main d’oeuvre d’un port mondial. C’est là aussi, dans le massif d’Al-Hujariyya, qu’ont été fondées vers les années 1940 les premières écoles modernes au Yémen du Nord.
Taez est un point d’équilibre entre ces espaces géographiques contrastés, entre ces destins divergents qui composent l’expérience yéménite. Taez est la clé du pays, à plus d’un titre. Qui contrôle la ville contrôle le Yémen tout entier.