La page de gauche du carnet de terrain

Sur le terrain, l’anthropologue passe de longues heures chaque jour à consigner des observations, dans un carnet de terrain, qui constitue son premier outil de travail. La méthode qu’on nous apprend à l’université encourage à distinguer la page de droite et la page de gauche :

Lorsque l’enquêteur peut mettre en relation ces différentes dimensions du travail d’observation - lorsqu’il peut rendre compte à la fois de ce qu’il voyait, de ce qu’il croyait voir et de ce qu’il ne voyait pas, en lien avec l’état de sa socialisation et l’avancement de sa réflexion, aux différents stades de son enquête - c’est le signe que la recherche est vraiment aboutie. L’analyse a alors des chances d’échapper aux biais sur-déterminées - notamment l’encliquage de l’observateur, soulevé par J.-P. Olivier de Sardan.

La réflexivité, c’est ne pas considérer l’accès au terrain comme allant de soi, mais atteindre une certaine lucidité quant aux conditions précises de l’enquête et quant à leurs effets. Plus fondamentalement, c’est construire une réflexion plaçant au premier plan les contraintes inhérentes à l’observation, à l’écriture, aux modalités de la connaissance.